La période classique succède à la période baroque (de Monteverdi jusqu’à la mort de Jean-Sébastien Bach en 1750) et précède la période romantique (de 1820 à l’orée du XXe siècle).
Celle-ci désigne à la fois l’époque et le style des trois grands maîtres de cette période qui s'étend donc de 1750 à 1820 environ : Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart et Ludwig Van Beethoven.
À côté des trois grands maîtres, d’autres compositeurs se sont illustrés, comme Clementi, Cherubini, Stamitz ou Boccherini, mais aussi le chevalier de Saint-Georges, authentique compositeur de couleur, et plusieurs compositrices qui se sont fait un nom, comme Hélène de Montgeroult ou Maria Teresa Agnesi.
C’est curieusement après la mort de Beethoven en 1827 que le terme ‘‘classique’’ commence à être utilisé en musique. On relève alors la perfection musicale de cette période en matière de composition, mais également une haute valeur humaniste et un idéal esthétique.
Formellement, l’art classique se caractérise par une rigueur et une architecture des formes développant l’harmonie des proportions. L’art classique se veut l’expression de la perfection et de l’universalité.
Vienne devient le plus important centre musical de la première moitié du XVIIe siècle. C’est là que prend forme le style classique, avec Haydn et Mozart qui voient le jour au XVIIIe siècle. Leur style se libère des contraintes habituelles des musiciens au service des princes. Ils tempèrent l’austérité et le sérieux germaniques par le brillant et le charme de l’art italien particulièrement cher à la société viennoise de ce temps.
Joseph ?Haydn
Originaire de Basse-Autriche, Franz Joseph Haydn (1732-1809) est fils d’un charron (artisan spécialiste du bois et du métal) amateur de musique.
En 1740, il entre à la maîtrise de la cathédrale Saint-Étienne à Vienne. Son don pour la musique classique est vite remarqué et, chanteur dans le chœur de la cathédrale, il apprend par lui-même les bases de la composition. Il y fait toutes ses études. Pour gagner sa vie, il exerce le métier de musicien ambulant.
Haydn a fait de la symphonie (plus de 106 !) une des grandes formes de la musique instrumentale. Elles demeurent toutes très classiques de construction.
Il ne sera sans doute jamais possible de connaître le total de la production de chambre de Haydn soumise aux lois de la commande des princes Esterházy. Celle-ci reste dominée par l’extraordinaire ensemble des quatuors. Haydn est pour ainsi dire le créateur du quatuor à cordes, dont il a composé un grand nombre d’opus (68).
Il est également spécialiste de la sonate pour piano-forte. Au clavier, Haydn assure, plus que quiconque, la transition du clavecin au piano.
Immense, la production vocale de Haydn a été mal connue jusqu’à ces dernières décennies, hors les deux derniers oratorios et quelques messes.
Né à Salzbourg, Mozart est un enfant prodige qui reçoit une éducation musicale en même temps que sa sœur Nannerl, elle aussi phénomène musical.
Dès l’âge de quatre ans, Wolfgang peut jouer en public, et à cinq ans, il commence à composer. Sa première œuvre est un menuet.
En 1762, une tournée est entamée, qui emmène dans l’ensemble de l’Europe (en particulier Munich, Vienne, Bruxelles, Paris, Londres, Amsterdam et Zürich) les deux enfants et leur père. C’est à Paris que Mozart grave ses premières œuvres. Partout où il passe, l’enfant émerveille les spectateurs par son habileté de claveciniste et d’organiste.
Cette première tournée les emmène durant trois années. Puis les voyages se succèdent et Salzbourg n’est plus qu’une halte provisoire. Entre 1769 et 1771, il se rend à Milan et à Naples avec son père. L’année 1775, il est à Munich. Entre 1777 et 1778, il est à Mannheim puis à Paris, où il vit dans l’isolement et la pauvreté en compagnie de sa mère, qui y mourra.
Mozart revient à Salzbourg. Mûri par ses dures expériences, il accepte de rendre sa place de maître de chapelle du Prince-Archevêque.
Dans le domaine instrumental, Mozart a contribué à l’évolution de tous les genres. Il a écrit 45 sonates pour piano et violon, 19 sonates d’église, 19 sonates pour clavecin ou piano-forte, 23 concertos pour clavier, 9 concertos pour violon, plusieurs concertos pour instruments à vent et bien entendu 49 symphonies, dont les dernières annoncent l’arrivée de Beethoven. Dans toutes ces œuvres, une grande place est laissée à la virtuosité. Il est parfois galvaudé de qualifier un musicien de ‘‘génie'', mais ici ce mot prend tout son sens vis-à-vis de Mozart, tant ses dons musicaux ont été extraordinaires.
Mozart a fait de l’opéra une vraie œuvre d’art. Il a introduit dans l’opera seria des éléments d’opera buffa, développant le finale et multipliant les chœurs. On relève L’Enlèvement au sérail, ‘‘turquerie'' dans le goût de l’époque écrite à la demande de l’empereur Joseph II d’Autriche, Les Noces de Figaro, synthèse parfaite du texte et de la musique, Cosi Fan Tutte, sommet du genre, ou encore La Flûte enchantée, féérie musicale et sorte d’opéra fantastique, sans oublier Idoménée et Don Juan, sommets de l’opéra classique.
Mozart a aussi composé des motets, des litanies, des vêpres, des offertoires, plusieurs messes et un fameux Requiem sur lequel il travailla jusqu’à son lit de mort. Il ne pourra l’achever et cette œuvre demeure hantée par sa propre pensée de mort.
En 1787, il entreprend son premier voyage d’études en se rendant à Vienne et caresse l’espoir d’y rencontrer Mozart. Sans succès. Quelques années plus tard, Beethoven reprend la route de Vienne. Haydn l’invite à travailler la composition avec lui. La Révolution française a gagné Bonn. Il devient le premier musicien libre et indépendant de l’histoire de la musique.
En 1795, Ludwig van Beethoven a 25 ans. C’est le premier compositeur à se libérer du joug des cours et des instances religieuses. Plusieurs nobles le subventionnent et Beethoven n’émet qu’une seule condition à ce mécénat : être totalement libre de toute contrainte. Beethoven finit même par écrire en toutes notes des traits qui étaient originellement improvisés.
En 1796, il entame une tournée et passe par Berlin. En rentrant, il contracte ce qu’on appelait à l’époque le typhus, qui lui aurait provoqué la perte de l’ouïe. Beethoven se sent désormais investi d’une mission. Grâce à la musique, il va aider les hommes à surmonter leurs douleurs, tout comme sa musique, l’a aidé, lui, à dépasser sa souffrance.
Si le piano est le domaine de prédilection de Beethoven, son œuvre symphonique est sans doute la plus populaire et son succès ne se dément pas au fil des siècles. Un monde sépare la Symphonie no1, dernier hommage au XVIIIe siècle, de la no9, achevée après une longue gestation, au début du XIXe siècle. Au fil des symphonies, l’orchestre s’enrichit, le langage s’étoffe, les formes explosent tandis que les couleurs orchestrales se multiplient.
Des trois compositeurs viennois, Beethoven est sans conteste celui qui laisse l’héritage le plus audacieux et le plus universel. Beethoven incarne la figure de l’artiste incompris à cheval entre le classicisme de Haydn et de Mozart et le romantisme du siècle à venir. Sourd, torturé, il offre l’image type du génie solitaire et colérique. Mais il convient d’élargir le portrait par son côté humaniste, romantique, combatif et romanesque. Capable de colères légendaires, il sait aussi faire preuve de légèreté, d’humour et d’altruisme. Il compose aussi bien pour le divertissement des nobles que pour des œuvres de charité.
Christoph-Willibald Gluck (1714 1787)
Ce compositeur allemand réforma profondément l’opéra, avec la création d'Orphée et Eurydice en 1762, puis Alceste en 1767. Mais c’est avec Iphigénie en Aulide en 1774, qu’il remporte un grand succès à Paris.
Carl Philipp Emanuel Bach (1714 1788)
Il fait le lien entre le style baroque de son père Jean-Sébastien et le style classique de Haydn et Mozart. Il a composé de nombreuses symphonies, concertos et sonates et est considéré comme l’initiateur de la musique instrumentale moderne.
Johann Stamitz (1717-1757)
En 1741, Stamitz s'installe à Mannheim, où il est nommé premier violon en 1743. Il y fonde la célèbre École de Mannheim, qui exercera une forte influence sur Mozart. Il y crée aussi l’un des orchestres les plus réputés d’Europe. Il ‘‘inventa'' la symphonie.
(...)
L’ère des compositrices
La période classique permet aussi aux femmes de se distinguer dans la composition, avec des compositrices qui commencent à se faire un nom et qui augureront de générations de musiciennes et/ou compositrices.
Maria Teresa Agnesi (1720-1795)
Compositrice italienne du XVIIIe siècle, claveciniste, elle a écrit des opéras, des œuvres symphoniques et de la musique de chambre.
Hélène de Montgeroult (1764-1836)
Compositrice, pianiste et pédagogue, elle fut l’une des meilleures interprètes de piano-forte et improvisatrices de son temps. Elle est nommée professeure de piano au Conservatoire en 1795. Elle est considérée comme un lien entre classicisme et romantisme.
L’opéra conforte son assise et sa dimension d'"art total?"
Après avoir écrit de nombreux opéras dans le style italien, Gluck, compositeur allemand, décide à cinquante ans de réagir contre la ‘‘déchéance'' de l’opera seria italien, qui privilégie la virtuosité des chanteurs au détriment du livret et de la musique.
Les principaux changements sont :
l'apparition d’une ouverture orchestrale, qui prépare l’atmosphère de l’action
la suppression de la basse continue au clavecin, pour privilégier l’orchestration
la suppression des ‘‘arias da capo'', où le chanteur improvisait des ornementations fantaisistes
la réduction de la part du ballet pour mieux l’intégrer au drame
Les "écoles" au secours de la? symphonie
Si Haydn est généralement considéré comme le père de la symphonie – car c’est lui qui lui a donné la forme classique qu’on lui connaît –, son invention a été attribuée à l’école de Mannheim.
L’idée dramatique de la période classique sera reprise et amplifiée par les romantiques.
Le langage classique se définit par des règles très strictes, une grande rigueur formelle, une simplicité harmonique et un sens développé de la mélodie.
Il consolide les acquis de la musique classique occidentale.
La forme sonate, par exemple, devient la forme par excellence des compositions d’envergure. L’importance de cette structure est telle qu’elle s’étendra à toutes les formes instrumentales.
Le second apport réside en la stabilisation et la définition de l’orchestre symphonique.
Le chef d’orchestre prend une importance croissante à cette époque.
Présentation : On connaît bien la musique classique. Mais qu'entend-on par cette courte "période classique" qui se loge au cœur de son histoire ? Celle-ci désigne à la fois l'époque et le style des trois grands maîtres de cette période qui s'étend donc de 1750 à 1820 environ : Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart et Ludwig Van Beethoven. Dans un sens général, le terme de "classique" renvoie d'abord à une notion de modèle, en évoquant des qualités essentielles qui ont été partagées par l'ensemble de ces compositeurs : vérité, harmonie, équilibre, simplicité, beauté et mesure. N'oublions pas que le XVIIIe siècle est celui des Lumières, soit une période de remise en question radicale de l'ordre ancien. Sont exaltés et mis en avant la confiance dans la raison humaine, les notions de dignité, de liberté et de bonheur, sans oublier l'esprit critique... Des mutations culturelles prépareront l'avènement du classique : l'apparition d'"écoles" (dont la plus célèbre est celle de Mannheim), le Strum und Drang (qui annonce le romantisme) et bien entendu la prépondérance du classique viennois, celui qui fait l'objet de cette exposition.
Informations pratiques : Cette exposition compte 11 panneaux rigides et légers de 60x105 cm (dont un panneau d'ouverture), qui feront découvrir à vos visiteurs la période classique de la musique à travers des textes, des illustrations et des QR codes.
Questions et réservation : Contactez-nous pour tout renseignement complémentaire et cliquez sur le bouton ci-dessous pour réserver l'exposition !
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