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Biopic : du vécu ou du cinéma ?

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Ouverture

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1. Biopics : des films 100% bios

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e cinéma raffole de la vie des célébrités. Avec sa débauche de tubes et de paillettes, Elvis (2022) de Baz Luhrmann montre combien le parcours de l'idole peut être spectaculaire. Mais le 7e art s'est tout autant intéressé à la philosophe Hannah Arendt (2012), qu'aux écrivains (Molière en 1978 et 2007, L'Autre Dumas en 2010, Truman Capote en 2005 puis Scandaleusement célèbre en 2006). L'univers de la mode n'est pas en reste avec Coco avant Chanel (2008) et Coco Chanel & Igor Stravinsky (2009), deux longs métrages sur Yves Saint-Laurent en 2014 (de Jalil Lespert puis Bertrand Bonello) et House of Gucci de Ridley Scott (2021).
Depuis une vingtaine d'années, le genre fait preuve d'une large diversité, d'une belle vitalité et de réactivité : dès 2010, David Fincher a relaté dans The Social Network comment Mark Zuckerberg a créé Facebook.
Biopic quésaco ?
Toute ressemblance avec des personnes réelles ou ayant existé ne serait pas fortuite… Le biopic (pour biographical picture en anglais) s'inspire ouvertement d'individus qui n'ont rien d'imaginaire pour raconter une partie de leur existence ou retracer toute leur destinée. Il s'est développé dès les origines du cinéma : en 1900, Georges Méliès résume le parcours de la Pucelle d'Orléans dans Jeanne d'Arc.
Dans les années 1930, Hollywood donne un nouveau souffle au biopic et la Warner, en particulier, narre les vies de Pasteur, Émile Zola, ou encore La Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre avec Bette Davis. Les autres studios s'intéressent à diverses figures historiques mais privilégient le monde des arts, du spectacle et de la musique.
Au fil des décennies, l'usine à rêves californienne raconte l'existence aussi bien du compositeur George Gershwin (Rhapsodie en bleu, 1945) que du peintre Toulouse-Lautrec (Moulin Rouge, 1952) ou encore de Houdini, le grand magicien (1953). Les biopics se répandent sur les écrans du monde entier. Après avoir été Adèle H en 1975 pour François Truffaut, Isabelle Adjani devient Camille Claudel (1988) devant les caméras de Bruno Nuytten. Marion Cotillard, dirigée par Olivier Dahan sera, elle, La Môme Piaf et connaîtra en 2007 un succès planétaire. En 2016, Roschdy Zem fait d'Omar Sy Chocolat, premier artiste noir de la scène française. En Italie, Luchino Visconti évoque Louis II de Bavière dans Ludwig - Le Crépuscule des Dieux (1972) tandis que Francesco Rosi brosse le portrait du mafioso en exil Lucky Luciano (1974). En Inde, Shekhar Kapur relate dans La Reine des bandits la destinée de Phoolan Devi en 1994, quatre ans avant de retracer celle de la reine d'Angleterre Elizabeth.
Au XXIe siècle, le biopic garde toute sa popularité et continue de conter les destinées exceptionnelles d'un Gustave Eiffel (2021) ou de Simone Veil avec Simone, le voyage du siècle (2022, Olivier Dahan), mais aussi les moments de gloire d'anonymes. Clint Eastwood a ainsi demandé à Tom Hanks d'incarner Chesley Sullenberger dit Sully (2016), ce pilote qui a posé son Airbus A320 sur les flots de l'Hudson.
2. À la tête de l'État

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Têtes couronnées, présidents ou dictateurs, les puissants fascinent et le biopic se plaît à raconter le pouvoir, et le luxe, les excès et les frasques, quitte parfois à donner des visions approximatives ou trompeuses de l'Histoire. Certains cinéastes optent pour la fresque à grand spectacle comme Bernardo Bertolucci avec Le Dernier empereur (1987) ou Oliver Stone avec Alexandre (2004). D'autres choisissent une approche plus intimiste. C'est le cas avec Marie-Antoinette (2006), où Sofia Coppola glisse des notes délibérément anachroniques, ou Le Discours d'un roi (2010) de Tom Hooper sur le bégaiement de George VI, ou encore La Favorite (2018), satire de Yórgos Lánthimos sur le règne de la reine Anne…
La cour, toujours
La cour d'Angleterre pique depuis toujours la curiosité et revient régulièrement sur les écrans. Marie Stuart, reine d'Écosse (2018) avec Saoirse Ronan rappelle la rivalité de la monarque avec sa cousine Elizabeth, évoquée par Shekhar Kapur en 1998 et en 2007 avec à chaque fois Cate Blanchett dans le rôle-titre. Deux sœurs pour un roi (2008) s'intéresse aux relations entre Henry VIII et Mary et Anne Boleyn. Situé quelques siècles plus tard, Victoria, les jeunes années d'une reine (2009) de Jean-Marc Vallée fait d'Emily Blunt la célèbre souveraine. Confident royal (2017) de Stephen Frears revient sur la relation méconnue entre Victoria (Judi Dench) et son employé Mohammed Abdul Karim (Ali Fazal) à la fin de son règne.
Dans The Queen (2006), Frears examine cette fois les rapports entre Elizabeth II (Helen Mirren, oscarisée pour sa prestation) et le Premier Ministre Tony Blair (Michael Sheen) au lendemain de la mort de Lady Di. La princesse a, elle, fait l'objet d'un premier biopic en 2013 : Diana avec Naomi Watts. Kristen Stewart lui succède dans ce rôle pour Spencer, réalisé par Pablo Larraín en 2021. Quant aux Heures sombres (2017), sans porter sur la cour, il offre à Gary Oldman d'incarner un fameux homme de pouvoir britannique : Winston Churchill. Meryl Streep, quant à elle, se transforme en Margaret Thatcher alias La Dame de fer (2012).
Du côté du Danemark, Royal Affair (2012) retrace la romance entre la reine Caroline?Mathilde (Alicia Vikander) et le médecin J. F. Struensee (Mads Mikkelsen) au XVIIIe siècle. Familier du biopic, Olivier Dahan reconstitue la trajectoire d'une célèbre altesse : Grace Kelly, actrice devenue princesse, dans Grace de Monaco (2014), qu'interprète Nicole Kidman. La comédienne Vicky Krieps prend la relève de Romy Schneider pour camper une impératrice Sissi quadragénaire dans Corps sage de Marie Kreutzer (2022).
Du côté de l'Élysée
Dans Le Promeneur du Champ de Mars (2005), Robert Guédiguian demande à Michel Bouquet d'incarner le président François Mitterrand dans ses dernières années, face à un Jalil Lespert journaliste qui recueille ses confidences. La Conquête (2011) de Xavier Durringer relate l'ascension politique de Nicolas Sarkozy, joué par Denis Podalydès, de sa nomination au poste de ministre de l'Intérieur à son élection à la tête de l'État en 2007.
Outre-Atlantique, devant la caméra d'Oliver Stone, Anthony Hopkins devient Nixon en 1995 et Josh Brolin campe George W. Bush en 2008 (W. l'improbable président?). Si le JFK de Stone (1991) enquêtait sur la mort de John F. Kennedy, Jackie (2016) de Pablo Larraín avec Natalie Portman suit sa veuve lors des jours suivant l'assassinat à Dallas. Sorti en 2018, l'édifiant Vice d'Adam McKay évoque le parcours de Dick Cheney (Christian Bale), vice-président des États-Unis de 2001 à 2009.
Sur le continent africain, Le Dernier Roi d'Écosse (2006) met en lumière les méfaits du dictateur ougandais Idi Amin Dada. Un rôle qui a valu un Oscar à Forest Whitaker. À l'opposé du général mégalomane, Mandela, un long chemin vers la liberté (2013) adapte l'autobiographie de Nelson Mandela, interprété par Idris Elba.
3. Des super-héros… pour de vrai

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Anonymes propulsés sur le devant de la scène ou figures reconnues, ces individus, par leur courage, leur engagement, ont porté des causes parfois au risque de leur vie. Entrés dans l'Histoire ou oubliés, dépassés par la portée de leur combat, ils revivent à l'écran. Les récits de leur lutte oscillent souvent entre doute et espoir, abattement et pugnacité. Ils prennent tantôt la forme d'une "success story" tantôt celle d'une tragédie. La vaste galerie de ces portraits de militants passe par Gandhi (1982), l'apôtre de la non-violence, Hiver 54, l'abbé Pierre (1989) où Lambert Wilson se mobilise face à une dramatique crise du logement, Lucie Aubrac (1997), qui fait de Carole Bouquet une résistante sous l'Occupation, ou encore Erin Brockovich, seule contre tous (2000) à qui Julia Roberts prête son énergie pour combattre une société coupable d'avoir pollué l'eau d'une localité.
Pour les droits civiques
Du combat pour les droits civiques des Afro-Américains ont émergé à l'écran plusieurs biopics dont celui du leader Malcolm X (1992), interprété par Denzel Washington et réalisé par Spike Lee. Ce dernier a par ailleurs signé en 2018 BlacKkKlansman : j'ai infiltré le Ku Klux Klan, d'après l'histoire de Ron Stallworth, un policier noir. Dans Selma (2014), centré sur de fameuses marches de protestation, David Oyelowo incarne le militant non-violent Martin Luther King. 12 Years a Slave (2013) de Steve McQueen raconte comment, au XIXe siècle, Solomon Northup (Chiwetel Ejiofor), homme libre réduit à l'esclavage, a lutté pour reconquérir sa propre liberté avant de s'engager pour l'abolitionnisme. La Voie de la justice s'appuie sur les mémoires de l'avocat Bryan Stevenson, fondateur de l'association Equal Justice Initiative, campé par Michael B. Jordan.
Dans Harvey Milk (2009), joué par Sean Penn, Gus Van Sant retrace les huit dernières années de la vie de l'un des premiers hommes politiques américains à exposer son homosexualité et défenseur des droits civiques de la communauté gay.
Lanceurs d'alerte
Les portraits de personnalités qui se dressent pour faire la lumière sur des scandales sanitaires, écologiques ou sociaux se font de plus en plus nombreux. Dans Révélations de Michael Mann (1999) le chimiste Jeffrey Wigand (Russell Crowe) dénonce les mensonges et les méfaits de l'industrie du tabac avec le concours du journaliste Lowell Bergman (Al Pacino).
Pour Dark Waters de Todd Haynes, Mark Ruffalo devient l'avocat Robert Bilott, qui s'emploie inlassablement à démontrer comment une société chimique empoisonne l'eau d'un comté de Virginie. Dans Spotlight (2015), Mark Ruffalo interprète cette fois le journaliste Michael Rezendes qui, avec une équipe de journalistes, révèle une affaire de scandales sexuels mettant en cause de nombreux prêtres catholiques dans la région de Boston.
4. Ennemis publics

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« Vous avez lu l'histoire de Jesse James, (…) Vous en d'mandez encore. Eh bien, écoutez l'histoire de Bonnie and Clyde ». Succès planétaire de 1967, Bonnie and Clyde, signé Arthur Penn, a inspiré le non moins fameux tube de Serge Gainsbourg et illustre bien l'intérêt que suscitent les criminels et bad boys de tous poils. Jesse James, hors?la?loi abattu en 1882 et incarné à l'écran notamment par Brad Pitt, figure d'ailleurs très haut dans la liste des personnages les plus prisés du biopic américain.
Mafieux et truands
Les biopics de hors?la?loi rejoignent souvent le thriller, comme dans Les Affranchis (1990) de Martin Scorsese, inspiré par le parcours du mafioso Henry Hill et de deux de ses acolytes. Les gangsters américains mythiques ont vite séduit Hollywood. Al Capone, alias Scarface, qui sévit sous la Prohibition, a donné lieu à de nombreux scénarios. Capone (2020) l'a fait revivre récemment sous les traits de Tom Hardy. Warren Beatty interprète Bugsy Siegel, ce gangster new-yorkais parti racketter sous le soleil de la Californie tout en fréquentant les stars de l'écran.
Sous le nom du mafieux Donnie Brasco (1997) se cache Joseph Pistone, agent infiltré du FBI, joué par Johnny Depp. Dans Public Enemies de Michael Mann (2009), le comédien est John Dillinger, figure légendaire du grand banditisme qui sévissait sous la Prohibition et affronta le redoutable J. Edgar Hoover (Billy Crudup). Ce super-flic aux méthodes douteuses a lui-même fait l'objet d'une réalisation de Clint Eastwood avec Leonardo DiCaprio (J. Edgar, 2011). Dans Le Traître (2019), Marco Bellocchio s'intéresse à Tommaso Buscetta qui livra de précieuses informations au juge Falcone engagé dans la lutte antimafia. Quant aux frères Kray, qui régnèrent sur la pègre londonienne, ils ont suscité plusieurs films, dont Legend (2015) dans lequel Tom Hardy incarne les deux jumeaux.
Quelques années après sa mort, et sa célèbre évasion de la Santé, Jacques Mesrine fait l'objet d'un premier biopic en 1984 avec Nicolas Silberg dans le rôle-titre. En 2008, Jean-François Richet propose à Vincent Cassel d'incarner celui qui fut qualifié d'Ennemi public n°1 dans un portrait en deux époques, puis, dix ans plus tard, L'Empereur de Paris, autrement dit Vidocq, cet ex-bagnard devenu chef de la Sûreté dans les années 1810.
5. Le septième art au miroir

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Dans la liste des biopics sur les personnalités du cinéma, les stars de l'écran tiennent bien sûr le haut de l'affiche. Et les vedettes de l'âge d'or du cinéma hollywoodien en particulier.
En 1992, quinze ans après la mort du monstre sacré, Chaplin fait revivre Charlot sous les traits de Robert Downey Jr. Idole au destin tragique, James Dean est raconté à travers son amitié avec le photographe Dennis Stock dans Life (2015), réalisé par Anton Corbijn (auteur par ailleurs de Control sur Ian Curtis le chanteur de Joy Divison). James Dean : Race with Destiny, sorti en 1997, s'était plus spécifiquement penché sur l'histoire d'amour du comédien avec l'actrice Pier Angeli.
My week with Marilyn (2011) avec Michelle Williams en icône blonde dévoile une star fragilisée par ses doutes et ses craintes lors d'un tournage à Londres. La vie de la star hollywoodienne Judy Garland, l'héroïne d'Une étoile est née, est contée dans Judy (2019). Renée Zellweger a remporté un Oscar pour ce récit classique d'un parcours marqué par la gloire puis la déchéance et la dépression noyée dans l'alcool. En 1981, Maman très chère avait donné à Faye Dunaway l'occasion d'interpréter Joan Crawford, étoile des années 1930 et 1940, sur un scénario inspiré d'un livre de la fille de l'actrice.
Moi, Peter Sellers (de Stephen Hopkins, 2004) évoque la vie privée comme la carrière de l'inoubliable et hilarant interprète britannique. Stan et Ollie (2018) se penche sur le tandem Laurel et Hardy alors que leur popularité décline et que les difficultés s'accumulent.
6. Musique, maestro !

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Couronné de huit Oscars et d'autres prestigieuses récompenses, Amadeus (1984) de Milos Forman a fait connaître la vie de Mozart à un large public. Pour autant, ce film ne saurait revendiquer l'exactitude historique. Peter Schaffer, son scénariste, rappelle qu'il n'a pas écrit « une biographie objective et documentée ». Le cinéma n'est pas insensible à l'univers de la musique classique comme à celui du jazz, et il a produit des biopics de compositeurs ou d'interprètes avec ou sans fausses notes. L'un des plus surprenants reste La Belle Meunière (1948) où Tino Rossi, devant la caméra de Marcel Pagnol, incarne Schubert !
L'art de la composition
Adapté en 1992 d'un roman de Pascal Quignard, Tous les matins du monde évoque le maître de la musique baroque Marin Marais à travers ses relations avec Jean de Sainte?Colombe (Jean-Pierre Marielle), qui lui enseigna l'art de la viole de gambe. Deux ans après, Bernard Rose retraçait la vie de Beethoven, interprété par Gary Oldman, dans Ludwig van B. Agnieszka Holland ensuite confie ce rôle à Ed Harris dans L'Élève de Beethoven (2009), qui s'autorise à mettre en scène un personnage féminin imaginaire au côté du musicien.
Helma Sanders-Brahms, elle, fait revivre Clara Schumann dans Clara (2008) en mettant l'accent sur sa relation avec Johannes Brahms. Don Giovanni, naissance d'un opéra de Carlos Saura (2009) décrit la collaboration entre le poète et librettiste Lorenzo da Ponte et Mozart lors de l'écriture de Don Giovanni, tandis que dans Nannerl, la sœur de Mozart (2010), René Féret rend justice à la compositrice méconnue. En 1968, Chronique d'Anna Magdalena Bach de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet présentait la deuxième épouse de Johann Sebastian Bach, auprès de son mari. Il était une fois... Johann Sebastien Bach (2003) permet à Christian Vadim d'incarner le musicien au long de son existence.
Pianistes et solistes
Instrumentistes de génie, musiciens aux destinées hors du commun, le cinéma a immortalisé des personnalités remarquables comme David Helfgott, pianiste australien en butte à des troubles psychiques. Il est dépeint dans Shine, qui valut à Geoffrey Rush l'Oscar du Meilleur acteur en 1997. Dans Le Pianiste (2003), Roman Polanski s'appuie sur l'autobiographie du pianiste Wladyslaw Sziplman, rescapé du ghetto de Varsovie pendant l'Holocauste. Pour son interprétation, Adrian Brody a également reçu un Oscar. Violoncelliste devenu SDF, Nathaniel Ayers est au cœur du film de 2009 Le Soliste avec Jamie Foxx et Robert Downey Jr. Si Callas Forever (2002, Franco Zeffirelli) transforme Fanny Ardant en diva à la voix d'or dans Florence Foster Jenkins (2016), Meryl Streep incarne cette cantatrice dépourvue de talent artistique qui donnait pourtant des récitals et qui a inspiré la fiction Marguerite de Xavier Giannoli en 2015.
7. Idoles pop et rock stars

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La vie des vedettes de la chanson puis des stars de la pop ou du rock offre une source d'inspiration inépuisable pour les auteurs de biopics. Les récits mettent assez souvent en scène le strass et les paillettes après les boîtes miteuses, mais aussi les affres de la célébrité et les désastres des addictions de toutes sortes.
Il y en a pour tous les goûts : de Great Balls of Fire (1989) avec Dennis Quaid en Jerry Lee Lewis à Walk the Line (2006) sur la légende de la country Johnny Cash (Joaquin Phoenix à l'écran) en passant par Édith Piaf racontée par La Môme en 2007 ou encore Sœur Sourire (2009) campée par Cécile de France. Les genres musicaux sont quasiment tous représentés, du metal au grunge sans oublier la soul et le r'n'b, de The Doors (1991) avec Val Kilmer en Jim Morrison à Get On Up (2014) où Chadwick Boseman se déchaîne en James Brown, mais aussi Last Days (2005, Gus Van Sant), inspiré par les derniers jours de Kurt Cobain.
Quand j'étais chanteur
Le biopic s'intéresse aux figures de la variété française comme aux célébrités de la chanson à texte. Jérémie Rénier se métamorphose en Claude François et rappelle le chemin vers la popularité gravi par Clo-Clo (2012) dans les années 1960-70. Lisa Azuelos retrace la destinée tragique de Dalida en 2017. Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar (2010, avec Éric Elmosnino) raconte comment le jeune Lucien Ginsburg est devenu Gainsbarre, avec ses galères, ses amours, ses succès. Suprêmes (2021, Audrey Estrougo) rappelle les débuts du groupe Suprême NTM porté par JoeyStarr et Kool Shen. Barbara (2017, Mathieu Amalric) ne prétend pas être un film biographique mais Jeanne Balibar y incarne une actrice jouant dans un biopic sur l'interprète de L'Aigle noir. Enfin, si Aline (2021) n'est pas officiellement un biopic de Céline Dion, Valérie Lemercier y retrace la carrière d'une Québécoise à la voix exceptionnelle nommée… Aline Dieu.
Everybody let's rock !
Acteur lui-même dans une trentaine de films, Elvis Presley s'est vu consacrer un biopic signé Baz Luhrmann en 2022, présenté hors compétition au Festival de Cannes. Austin Butler y joue le King tandis que Tom Hanks campe son fidèle manager. Grand succès de la veine musicale du genre, Bohemian Rhapsody (2018) fait revivre Freddie Mercury des Queen sous les traits de Rami Malek. Succès, excès, come-back triomphal, les ingrédients classiques sont réunis.
8. Une palette haute en couleur

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réateur inspiré et adulé ou artiste incompris, le peintre de biopic est un personnage hors du commun. De Michel-Ange, à qui Charlton Heston prête ses traits dans L'Extase et l'agonie (1966), à Jackson Pollock, personnifié par Ed Harris en 2009, ou Gauguin (2017), joué par Vincent Cassel, en passant par Mr Turner (2014) interprété par Timothy Spall, ou Modigliani campé par Gérard Philipe dans Montparnasse 19 (1958), le 7e art brosse une galerie variée toutes époques confondues.
Van Gogh est sans conteste l'un des peintres préférés du cinéma. Kirk Douglas l'incarne dans le désormais classique La Vie passionnée de Van Gogh (1956, Vincente Minnelli). En 1991 dans son Van Gogh, Maurice Pialat opte pour un style moins romanesque et moins lyrique pour reconstituer les derniers jours de l'artiste avec Jacques Dutronc dans le rôle-titre. La Passion Van Gogh (2017, Dorota Kobiela et Hugh Welchman), entièrement peint à la main, enquête sur sa mort. Julian Schnabel s'attarde, lui, sur les dernières années du créateur des Tournesols, campé par Willem Dafoe dans At Eternity's Gate (2018). Schnabel, lui-même peintre, a par ailleurs signé un Basquiat (1997) avec Jeffrey Wright dans la peau du prodige disparu à 27 ans et David Bowie en Andy Warhol.
De Michel-Ange à Picasso
Plus qu'Auguste Renoir, qu'incarne Michel Bouquet au crépuscule de sa vie dans Renoir (2012), Toulouse-Lautrec stimule l'imagination des scénaristes avec Moulin Rouge (1952, John Huston) ou Lautrec (1998, Roger Planchon). Cézanne et moi (2016, Danièle Thompson) évoque l'amitié entre le peintre (Guillaume Gallienne) et l'écrivain Émile Zola (Guillaume Canet). Cézanne comme Monet sont également présents dans Rodin (2017, Jacques Doillon), où Vincent Lindon campe le célèbre sculpteur.
Au-delà de l'impressionnisme et de la période foisonnante du tournant du siècle en France, les grands peintres italiens sont aussi honorés. Par exemple dans Michel-Ange (2019, Andreï Kontchalovski) et Caravage (2022, Michele Placido) avec Louis Garrel et Riccardo Scamarcio.
En 1966, Kontchalovski avait aussi collaboré au scénario de la réalisation d'Andreï Tarkovski sur le peintre d'icônes russe Andreï Roublev qui vécut au XVe siècle. Le maître néerlandais Rembrandt s'est vu consacrer plusieurs biopics dont un, homonyme, signé en 1999 par le peintre et cinéaste Charles Matton. Le cinéma n'a pas non plus négligé ces deux génies espagnols que sont Goya et Picasso : Les Fantômes de Goya (2006, Milos Forman) revient sur les difficultés de l'artiste avec l'Inquisition tandis que Surviving Picasso (1996, James Ivory) se penche sur la vie amoureuse du peintre de Guernica.
En marge des valeurs incontestées de l'histoire de l'art, Tim Burton relate dans Big Eyes (2014) l'histoire de Margaret et Walter Keane, qui a marqué le monde de la peinture dans les années 1960-70. Quant à L'Incroyable Histoire du facteur Cheval (2018, Nils Tavernier), elle rapporte l'aventure artistique de Ferdinand Cheval, facteur qui sculpta son Palais idéal au début du XXe siècle.
9. Champions du monde

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Le sport offre au biopic un univers de choix pour développer des récits de dépassement de soi, des chemins de vie où la souffrance, la persévérance et l'effort finissent par récompenser. Prouesses physiques et matchs décisifs assurent des séquences spectaculaires et des moments de suspense bienvenus. Le champ est vaste, de Invictus (2009, Clint Eastwood) avec Matt Damon en capitaine des rugbymen des Springboks et Morgan Freeman en Nelson Mandela, à Moi, Tonya (2017, Craig Gillespie) avec Margot Robbie chaussant les patins de Tonya Harding. La conquête de la victoire grâce à la collaboration fructueuse d'une équipe avec un entraîneur charismatique est une trame de récit souvent reprise, comme dans Miracle (2004), hommage au travail de l'entraîneur américain de hockey sur glace Herb Brooks (Kurt Russell) aux J.O. de 1980.
Les boxeurs, médaillés ou non, sont très appréciés par le cinéma. Raging Bull (1980, Martin Scorsese), avec Robert De Niro dans le rôle du champion du monde Jake LaMotta, est aujourd'hui un classique. La carrière en dents de scie de Micky Ward, joué par Mark Wahlberg, nourrit le script de Fighter (2010). De l'ombre à la lumière (2005) dramatise le retour sur le ring de Jim Braddock (Russell Crowe) dans les années 1930. Marcel Cerdan est interprété par son propre fils Marcel Cerdan Jr dans Édith et Marcel (1983, Claude Lelouch).
Plusieurs biopics de boxeurs développent en parallèle des pages d'Histoire. La condition des Noirs aux États?Unis est notamment éclairée par L'Insurgé (1970, Martin Ritt) sur la vie de Jack Johnson, champion victime du racisme. Avec Ali (2001, Michel Mann), Will Smith évoque les engagements de Cassius Clay, devenu Mohamed Ali. Denzel Washington campe Rubin Carter, sportif injustement emprisonné, dans Hurricane Carter (2000). En 2013, l'ex-boxeur Brahim Asloum incarne dans Victor Young Perez, le champion juif tunisien déporté en 1943 à Auschwitz.
Des muscles en or
The Damned United (2009) met en scène Brian Clough (Michael Sheen), ex-footballeur devenu un court temps l'entraîneur de l'équipe de Leeds United. Étonnamment, le football, sport des plus populaires, n'a pas suscité beaucoup de productions, ce qui n'est pas le cas pour le foot américain. Ainsi, le coach américain Herman Boone a inspiré Le Plus Beau des combats (2000, avec Denzel Washington) sur l'intégration raciale par les valeurs du sport. The Blind Side, l'éveil d'un champion (2009, John Lee Hancock) aborde des thématiques voisines en se centrant sur la vie du bloqueur Michael "Big Mike" Oher. Du même réalisateur, Rêve de champion (2002) est consacré au joueur de base-ball Jim Morris (Dennis Quaid). L'Américain Bennett Miller a trouvé dans des figures du sport la matière de biopics très inspirés. Le Stratège (2011) fait de Brad Pitt Billy Beane, manager d'une équipe de base?ball. Foxcatcher (2014) transforme Steve Carell en John E. du Pont prenant sous sa coupe les lutteurs Dave et Mark Schultz.
Roi du ring dans Ali, Will Smith devient entraîneur de choc de deux reines des courts, les sœurs Serena et Venus, dans La Méthode Williams (2021). Pour Battle of the sexes (2017), Emma Stone incarne la championne de tennis Billie Jean King, qui disputa contre Bobby Riggs un match ultra médiatique en 1973 pour l'égalité salariale. Borg/McEnroe (2017) s'articule autour de la finale de Wimbledon en juillet 1980.
La course automobile permet également de rejouer de fameux duels comme celui qui opposa Niki Lauda à James Hunt (Rush, 2013, Ron Howard) ou l'affrontement Ken Miles/Carroll Shelby dans Le Mans 66 (2019, James Mangold). Du côté des stades, Les Chariots de feu (1981, Hugh Hudson) reconstitue les Jeux olympiques de 1924 à Paris et s'inspire de la vie des athlètes britanniques Harold Adams et Eric Liddell. L'Américain Louis Zamperini s'illustra lui aussi dans la course à pied et fit preuve d'une solide résilience pendant la Seconde Guerre mondiale, comme le montre Invincible (2014) d'Angelina Jolie. Christian Duguay célèbre un cheval de légende, Jappeloup (2013), monté par Pierre Durand (à l'écran Guillaume Canet, lui-même cavalier).
10. La bosse des sciences

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Le biopic se penche peu sur le monde scientifique comparativement à d'autres univers comme les arènes du pouvoir ou le monde du spectacle. Sur 1 200 films sortis entre 2000 et 2016, 25 d'entre eux seulement portaient sur des figures des sciences.
Certaines personnalités néanmoins fascinent les auteurs et réalisateurs. C'est le cas de Marie Curie, interprétée de nombreuses fois à l'écran, notamment par Isabelle Huppert. Deux biopics sont revenus dernièrement sur son histoire : Marie Curie (2016) de Marie Noëlle avec Karolina Gruszka, centré surtout sur la période qui suit la mort de Pierre Curie, et Radioactive (2019) avec Rosamund Pike, où Marjane Satrapi évoque toute la vie de la physicienne.
Le prolifique inventeur Thomas Edison a aussi inspiré plusieurs films dont The Current War (2017) où, incarné par Benedict Cumberbatch, il affronte George Westinghouse pour le choix du système électrique universel. Edison joué par Kyle MacLachlan est également en rivalité avec un autre découvreur, Nikola Tesla, qu'interprète Ethan Hawke dans Tesla (2020). Un autre inventeur célèbre, Jacques-Yves Cousteau, qui mit au point le scaphandre autonome, voit sa vie et ses recherches retracées dans L'Odyssée (2016). Lambert Wilson y tient le rôle de l'homme au bonnet rouge.
Des mathématiciens aux psychanalystes
Quelques mathématiciens ont fait l'objet de longs métrages. Dans Un homme d'exception (2001), Russell Crowe est John Nash, spécialiste notamment de géométrie différentielle qui va souffrir de schizophrénie. À l'affiche d'Imitation Game, Benedict Cumberbatch campe le Britannique Alan Turing, génie mathématique qui permit de déjouer la machine de cryptographie utilisée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. L'Homme qui défiait l'infini (2015) donne l'occasion à Dev Patel d'incarner un pionnier indien des mathématiques, Srinivasa Ramanujan (1887-1920).
Le biopic balaie un large spectre de disciplines, de la primatologie avec Gorilles dans la brume (1988) où Sigourney Weaver incarne Dian Fossey, à la cartographie avec Charlie Hunnam dans le rôle du ­géographe?explorateur Percy Fawcett (The Lost City of Z, 2017). Dans Création (2009), Paul Bettany se glisse dans la peau du paléontologue Charles Darwin, le créateur de l'évolutionnisme. Stephen Hawking, fameux physicien et cosmologiste souffrant d'une sclérose latérale amyotrophique, est interprété par Eddie Redmayne dans Une merveilleuse histoire du temps (2014), qui développe en particulier ses relations avec son épouse. Seul contre tous (2015) montre comment le neurologue Bennet Omalu, incarné par Will Smith, a détecté des cas d'encéphalopathie traumatique chronique chez des joueurs de football américain.
La psychanalyse a elle aussi alimenté bien des intrigues cinématographiques et son histoire s'est illustrée à travers quelques portraits de pères fondateurs. Montgomery Clift a ainsi interprété Sigmund Freud dans Freud, passions secrètes (1962, John Huston). La relation entre Carl Jung, fondateur de la psychologie analytique, et Sabina Spielrein pionnière de la psychanalyse, est retracée dans L'Âme en jeu (2004, Roberto Faenza) mais aussi dans A Dangerous Method (2011, David Cronenberg) où Michael Fassbender est Jung et Keira Knightley, Sabina Spielrein.

Présentation : Toute ressemblance avec des personnes réelles ou ayant existé ne serait pas fortuite… Le biopic s'inspire ouvertement d'individus qui n'ont rien d'imaginaire pour raconter une partie de leur existence ou retracer toute leur destinée. Il s'est développé dès les origines du cinéma et de nouveaux biopics sortent régulièrement dans les salles obscures. Cette exposition dresse un panorama de ce genre foisonnant.

Informations pratiques : L'exposition est composée de 11 panneaux rigides et légers de 60x105 cm, dont un panneau d'ouverture. Sur chaque panneau, le texte est accompagné d'illustrations et photos issues des films évoqués.

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Sommaire

Ouverture
1. Biopics : des films 100% bios
2. À la tête de l'État
3. Des super-héros… pour de vrai
4. Ennemis publics
5. Le septième art au miroir
6. Musique, maestro !
7. Idoles pop et rock stars
8. Une palette haute en couleur
9. Champions du monde
10. La bosse des sciences