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Hitchcock

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Ouverture

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1. Enfance et découverte d'une passion

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Naissance :
C'est le 13 août 1899 que naît Alfred Joseph Hitchcock à Leystonstone dans la banlieue de Londres. Fils de parents épiciers et cadet de trois enfants, le jeune garçon vit une enfance solitaire. Sa nature craintive et les moqueries de ses camarades sur son obésité le poussent davantage dans sa solitude. Alors qu'il entretient une relation aimante avec son père (tous deux partagent l'amour de la bonne gastronomie), celle avec sa mère est beaucoup plus froide. Cette dernière privilégie souvent son frère et sa sœur, et ne se prive jamais de le corriger sévèrement.

Ses parents catholiques l'inscrivent dans un collège tenu par des Jésuites, le St Ignatius, à Stamford Hill. Il est traumatisé par les châtiments corporels quotidiens et ne pense qu'à quitter l'établissement. Ce qu'il fait à la mort de son père. En 1914, âgé de quatorze ans, il part étudier à la London County Council School of Engineering and Navigation de Poplar.

Premier emploi et découverte d'une passion :
Son diplôme technique en poche, il intègre la compagnie télégraphique Henley, tout en suivant des cours de dessin à la section des Beaux-Arts de l'Université de Londres. Muté au service publicité de l'entreprise, Hitchcock développe ses talents de graphiste.

Il intègre le cinéma par la petite porte en collaborant avec la société américaine Famous Players-Lasky future Paramount (suite à une fusion avec la Jesse L. Lasky), qui s'implante à Londres dans les années 20. Il illustre alors les affiches, ainsi que les cartons affichés entre les séquences des films muets. Son talent est très vite remarqué. Il est alors nommé chef de la section des intertitres.

En 1922, alors qu'il est toujours concepteur d'intertitres, il tente de produire et réaliser un premier film, Number Thirteen. Mais en raison de problèmes financiers, le film ne sera jamais terminé.
2. Premiers films

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Hitchcock au temps du muet :
Alors que la Famous Players-Lasky ferme sa filiale anglaise, Hitchcock rejoint l'équipe de la Gainsborough Pictures. Dans cette compagnie indépendante fondée par Michael Balcon et Victor Saville, il est engagé en tant qu'assistant réalisateur. C'est lors d'un projet pour cette société qu'il rencontre la femme de sa vie, Alma Reville.

Alfred est passionné par la fabrication de cet art qu'est le cinéma. Pendant ces années formatrices, il participe à de nombreux projets en tant que co-scénariste, décorateur, assistant réalisateur ou encore monteur.

Mais ce qui intéresse vraiment le jeune homme reste la réalisation. Après une première tentative avortée (Number Thirteen), Michael Balcon lui confie la réalisation de son premier film, Le Jardin du plaisir. Dans ce conte théâtral, Hitchcock explore déjà les procédés techniques du cinéma, notamment en utilisant un traveling latéral complexe. Il enchaîne avec The Mountain Eagle, qu'il qualifiera par la suite de mauvais film.

Malheureusement, ces deux films sont des échecs. Sa carrière de réalisateur semble tuée dans l'œuf. C'est alors qu'on lui propose d'adapter le roman à succès de Marie Belloc Lowndes, Les Cheveux d'or (The Lodger) avec Ivor Novello en tête d'affiche. Ce thriller inspiré de l'histoire de Jack l'Eventreur est considéré par beaucoup (dont Hitchcock lui-même) comme son premier vrai film. Ses thèmes de prédilection sont déjà présents (un faux-coupable, une blonde vaporeuse, un crime, etc). C'est aussi dans ce film qu'il fait son premier caméo. Mais Hitchcock n'étant pas encore le grand cinéaste qu'on connait, il doit se plier à des demandes du studio, notamment à travers un remontage plus clair et une conclusion qui lève toute ambiguïté sur l'identité du tueur. Sur sa lancée, il réalise La Pente, de nouveau avec Ivor Novello en vedette, et Le passé ne meurt jamais.

Hitchcock se lasse des scénarios que lui propose la Gainsborough Pictures. Il quitte alors la société qui lui a tant appris pour la British International Pictures. Il met en scène des films bien loin de son genre de prédilection, comme Le Masque de cuir, un triangle amoureux sur fond de boxe, ou la comédie romantique Laquelle des trois ? C'est aussi pour elle qu'il réalise ses deux derniers films muets, Champagne et The Manxman.


Hitchcock au temps du parlant :
Depuis le coup d'éclat Les Cheveux d'or, les films de Hitchcock, bien que formellement intéressants, manquent de génie. Pour son dixième long métrage, Chantage, il met en scène pour la première fois un récit signé Charles Bennett, qui deviendra par la suite l'un de ses scénaristes attitrés. La British International Pictures croit au succès du projet et va encore plus loin : elle fait de ce film le premier long métrage sonore de Grande-Bretagne. Le cinéaste est ravi de relever ce défi. Il utilise cette nouvelle technique pour accentuer des éléments de son récit, comme une conversation téléphonique secrète. Profitant du succès phénoménal du jeune réalisateur et de l'arrivée du parlant, le studio lui propose plusieurs projets exploitant le sonore, comme le film musical Le Chant du Danube.

En 1933, Michael Balcon revient vers lui pour réaliser le premier film de sa compagnie, la Gaumont British Picture Corporation : L'Homme qui en savait trop. Pour cette société il réalise ensuite l'un des meilleurs films de la première partie de sa carrière, Les 39 Marches.

Suite à la fermeture de la Gaumont British Picture Corporation, Hitchcock retourne à la Gainsborough Pictures, pour qui il tourne Jeune et innocent, ainsi que le grand succès Une femme disparaît.

Il est au sommet de son art en Grande-Bretagne, quand David O. Selznick lui propose de venir travailler à Hollywood. Après un dernier film sur le sol anglais (La Taverne de la Jamaïque), Hitchcock s'envole pour Los Angeles.
3. Cap sur l'Amérique

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Débuts hollywoodiens :
En mars 1939, Hitchcock, sa femme et sa fille Patricia s'installent à Los Angeles. A son arrivée à Hollywood, le cinéaste est impressionné par les moyens colossaux à sa disposition. Mais il déchante très vite face au caractère manipulateur de David O. Selznick et à la règle du producteur roi. Malgré des divergences, leur première collaboration, Rebecca, est un succès. Le film est adapté de l'auteure Daphne du Maurier et a pour stars Laurence Olivier et Joan Fontaine. Hitchcock réalisera trois autres films pour Selznick : La Maison du docteur Edwardes, Les Enchaînés et Le Procès Paradine.

Pour éviter les conflits, Selznick "prête" Hitchcock aux studios de la RKO, d'Universal et de la 20 Century Fox. Pour la RKO, il réalise la comédie romantique Joies matrimoniales, avec Robert Montgomery, et surtout Soupçons. Adapté du roman Complicité de Francis Iles, ce film marque la première collaboration du réalisateur avec Cary Grant. Pour la Universal, il développe La Cinquième colonne. Ce récit où une fois de plus l'innocence d'un homme est en jeu regorge de trouvailles techniques, surtout en matière de décors, par exemple une scène dans la torche de la statue de la Liberté. Hitchcock poursuit avec L'Ombre d'un doute, où il continue son étude des comportements meurtriers. Et enfin, pour la 20th Century Fox, il réalise le projet audacieux Lifeboat. Tourné dans un décor unique (un bateau), ce film est une oeuvre de commande dans le cadre de l'éffort de guerre. Il porte malgré toute la patte d'Hitchcock, qui joue sur la forme pour parvenir à un résultat ambigu.

Après un retour dans son pays natal pendant la guerre, Hitchcock revient aux USA et se lance dans le projet La Maison du Docteur Edwardes. Ce film avec Gregory Peck et Ingrid Bergman en tête d'affiche a pour thème le sujet en vogue du moment : la psychanalyse. Le film reste dans les mémoires pour son rêve surréaliste créé par l'artiste Salvador Dali.

S'ensuit l'un des films les plus noirs du maître : Les Enchaînés. Le projet est né d'un accord entre Selznick et la RKO, selon lequel le producteur vend un film réalisé par Hitchcock, écrit par Ben Hecht avec le duo de stars Cary Grant et Ingrid Bergman. Mais comme pour Lifeboat, le cinéaste parvient à transformer un film de commande en œuvre personnelle. Au milieu de ce triangle amoureux sur fond d'espionnage et de régime nazi, le cinéaste s'amuse à titiller la censure de l'époque. Le code Hays interdisant de représenter un baiser de plus de deux secondes à l'écran, le cinéaste écrit une scène dans laquelle Grant et Bergman s'embrassent pendant plus de deux minutes, mais avec des microcoupures toutes les deux secondes. Pourtant ce n'est pas ce subterfuge qui va lui causer des ennuis, mais la présence d'uranium (composant des bombes atomiques) dans l'intrigue du film. Le projet Manhattan étant top secret, le FBI se demande d'où le réalisateur tient cette information. Agacé par le contrôle et les gains amassés par Selznick, Hitchcock tourne un dernier film sous sa houlette (Le Procès Paradine) avant de se lancer dans l'autoproduction avec la Transatlantic Pictures. Il réalise deux films (La Corde et Les Amants du Capricorne) pour cette société qu'il sera contraint de fermer peu après en raison de problèmes financiers.
Parenthèse anglaise : Hitchcock et la guerre :
En 1943, répondant à la demande de son ami Sidney Bernstein, Hitchcock quitte les Etats-Unis pour rejoindre l'unité cinématographique des alliés britanniques.
Il réalise deux courts-métrages sur les Forces françaises libres (Bon Voyage et Aventure malgache) avant de se consacrer à un projet qui le marquera à vie : en 1945, il travaille bénévolement comme monteur sur un documentaire composé d'images enregistrées lors de la libération des camps de concentration nazis par les alliés.
Il découvre alors l'horreur inimaginable de la Shoah. Au montage, il s'attelle à rester le plus réaliste possible. Il se débarrasse de certains effets de propagande (principalement soviétiques). Son but est de montrer la vérité des faits possible afin que ces images soient utilisées contre les négationnistes. Suite à des déboires financiers, le film reste longtemps perdu avant d'être projeté au Festival de Berlin en 1984.
4. Succès et oeuvres cultes

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Les années 50 :
Après un dernier film anglais avec la légendaire Marlène Dietrich pour star (Le Grand Alibi), Hitchcock entame sa période la plus prolifique.
Au début des années 50 il découvre le travail d'une certaine Patricia Highsmith. Se reconnaissant dans le sens du suspens de l'auteur, il achète les droits pour adapter son premier roman, L'Inconnu du Nord Express. Avec son intrigue criminelle, ses personnages nuancés et son décor unique, le travail du cinéaste se fond dans celui de l'écrivain. A sa sortie, L'Inconnu du nord express rencontre un grand succès.

Avec La loi du silence Hitchcock change de style. Il rêvait d'adapter cette pièce de Paul Anthelme depuis dix ans. Le récit aborde la foi catholique au coeur d'une intrigue criminelle, un sujet sensible qui ne convainc pas la critique et le public.

Avec 1954 commence la période la plus célèbre et la plus riche en succès du réalisateur. En contrat avec la Warner, le réalisateur cherche ce que sera son projet suivant quand il découvre la pièce Dial M for Murder de Frederick Knott, dont le studio vient d'acheter les droits. En plus de marquer sa première collaboration avec Grace Kelly, Le crime était presque parfait est l'occasion pour Hitchcock d'expérimenter le cinéma en relief. Malheureusement, il faudra attendre les années 80 pour découvrir le film dans ce format.

Il retrouve sa muse, Grace Kelly, pour l'un de ses plus grands classiques, Fenêtre sur cour. Le réalisateur joue de son penchant pour le voyeurisme dans ce film où James Stewart épie ses voisins. Une fois de plus, Hitchcock fait preuve d'une grande virtuosité technique, rendant le film passionnant par ses jeux de mise en scène constants.

Fenêtre sur cour n'est même pas encore sorti en salles que Hitchcock prépare déjà ce qui sera son dernier film avec Grace Kelly, La Main au collet. Tourné sur la côte d'Azur, le film surprend par sa légèreté et son éclat, accentués par le glamour apporté par le couple Grace Kelly / Cary Grant. C'est lors de ce tournage que l'actrice rencontre un certain Prince Rainier, rencontre qui va la pousser à s'éloigner définitivement des plateaux de cinéma.

Après un film à l'humour noir très anglais (Mais qui a tué Harry ?), Hitchcock se lance dans un remake (le seul de sa carrière) de son propre film L'homme qui en savait trop. Puis, avec Le Faux coupable, Hitchcock s'éloigne du thriller pour une veine plus réaliste avec un drame basé sur une histoire vraie relatée dans Life Magazine. Le cinéaste explique avoir voulu faire ce film pour exprimer la peur qu'il avait toujours ressentie face à la police.
Puis vient le film qui obsède aujourd'hui bien des spectateurs et spécialistes du septième art : Sueurs froides, avec James Stewart et Kim Novak. Ce film au dénouement sombre et à l'atmosphère oppressante déroute le public et la critique lors de sa sortie en salles. Hitchcock clôt la décennie avec un autre classique La Mort aux trousses avec Cary Grant et Eva Marie Saint.

C'est aussi dans les années 50 que sous l'impulsion de Lew Wasserman, directeur de la MCA (Music Corporation of America), Hitchcock prête son nom et son image à la télévision pour le programme Alfred Hitchcock présente. La série qui est diffusée de 1955 à 1962 est un ensemble de petites histoires policières où l'humour noir se mêle au suspense.
5. Les années 60

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Hitchcock commence les années 60 avec un film peu coûteux et auquel personne ne croyait : Psychose. Par sa violence et son sérieux, le film est un choc pour le public. Hormis quelques journalistes réfractaires, Psychose devient très vite un phénomène aux USA et en Europe.
Puis, en manque de sujet, il se tourne une fois de plus vers Daphne du Maurier (pour trouver l'inspiration) et choisit d'adapter la nouvelle Les Oiseaux. Grâce au grand soin apporté aux effets spéciaux et à des moments de pure angoisse, Les Oiseaux attire les foules et devient un classique du cinéma d'épouvante.

Avec Les Oiseaux, Hitchcock clôt sa trilogie du succès débutée avec La Mort aux trousses. Après cette période glorieuse, sa santé décline et l'inspiration lui fait défaut. Il réalise deux thrillers qui seront des échecs, Le Rideau déchiré (Torn Curtain) et L'Etau (Topaz). Après un retour à Londres pour tourner Frenzy, il connaît son ultime grand succès avec Complot de famille. Pour son dernier film, Hitchcock surprend avec un film drôle et rafraîchissant.

Alors qu'il prépare un nouveau projet (The Short Night) pour Universal, sa santé l'oblige à se retirer définitivement du monde du cinéma.

Il meurt le 29 avril 1980 à Los Angeles dans la maison qu'il habite avec celle qui l'accompagne depuis toujours, sa femme Alma Reville. Il avait 80 ans.
6. Caractéristiques du cinéma hitchcockien

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Manipulations et faux semblants :
L'un des plaisirs d'Hitchcock était de perdre le spectateur dans une vérité sans cesse bousculée. Il aimait spéculer sur la culpabilité de ses personnages. Dans Soupçons, le personnage de Joan Fontaine est plongé dans l'angoisse, doutant des intentions de son mari (Cary Grant). Le film ne cesse de semer le doute sur ce qui est vrai ou imaginé par la jeune épouse, comme lors d'une scène où il illumine l'intérieur d'un verre. Dans Fenêtre sur cour, tout le film repose sur le fait de savoir si oui ou non le voisin d'en face est un meurtrier ou si l'ennui ressenti par Jeffries (James Stewart) ne lui joue pas des tours.
Ce thème d'un innocent accusé à tort se retrouve dans beaucoup de récits d'Hitchcock, dans Le Faux coupable ou L'Ombre d'un doute par exemple.
Hitchcock aime placer la manipulation au centre de ses intrigues, autant que manipuler les spectateurs. Manipulation au sein du couple (Le Crime était presque parfait). Manipulation en temps de guerre (Les Enchainés, Agent secret).

Le suspense :
Selon le Larousse, le suspense est "une situation ou un événement dont on attend la suite avec une inquiétude très vive." mais Hitchcock va plus loin qu'un simple effet d'attente. Il utilise le décalage décalage entre le point de vue du spectateur et celui du personnage pour créer une complicité avec le premier. Comme lors de l'avancée du tueur dans Fenêtre sur cour, alors que Jeffries dort, ou dans Psychose, lorsque la porte s'ouvre derrière le détective.
Le metteur en scène raffole de ces scènes où le spectateur reste scotché à l'écran, comme hypnotisé. Au cours de sa carrière, il n'aura de cesse de pousser ces scènes à leur paroxysme, ce qui lui vaudra le surnom de "maître du suspense".


L'humour :
"Mais tous les films que je fais sont des comédies.", déclarait non sans malice Hitchcock au National Film Theatre en 1987. Car bien qu'il n'ait jamais réalisé de comédie, ses films n'étaient pas dénués d'humour. Le cinéaste expliquait ce recours à la comédie pour éviter que ses récits soient uniquement dominés par une tension omniprésente qui lasserait le spectateur. Entre les répliques caustiques de Roger Thornhill dans La Mort aux trousses, l'infirmière direct de Fenêtre sur cour, les séquences de voyance dans Complot de famille ou encore sa tentative de faire aimer l'humour noir anglais aux Américains dans Mais qui a tué Harry ? les films du maître ne manquent pas d'effets comiques.
7. Ses personnages

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La blonde hitchcockienne :
Bien que certaines brunes soient présentes dans son œuvre, Hitchcock avait une fascination pour les femmes blondes à la beauté froide. Mais contrairement aux blondes hollywoodiennes ingénues, celles que l'on va très vite appeler "blondes hitchcockiennes" cachent un tempérament passionné, parfois même criminel.

Ses personnages féminins sont souvent sensuels, mais jamais provocants, car il détestait cela. "Je ne crois pas qu'une femme doit avoir le mot sexe tatoué sur la peau. C'est quelque chose que l'on doit découvrir au fur et à mesure qu'on la connaît mieux. C'est plus intéressant quand cet aspect-là n'est pas apparent. On n'est pas obligé d'afficher la sensualité d'une femme comme des breloques autour de son cou." (Source Dictionnaire Hitchcock de Laurent Bourdon). Selon une anecdote célèbre, Hitchcock aurait refusé de travailler avec Marilyn Monroe car il l'a trouvée vulgaire…

Dès 1927 avec le film Les Cheveux d'or, le réalisateur esquisse cet idéal féminin avec le personnage de Daisy (June Tripp) et le peaufine avec avec Anny Ondra dans The Manxman et Chantage. Mais la "vraie" première blonde hitchcockienne se trouve dans Le crime était presque parfait et prend les traits de Grace Kelly, qui perfectionnera ensuite l'archétype de ce personnage dans Fenêtre sur cour et La Main au collet. Dès lors, il ne cessera d'explorer ce personnage de blonde glaciale avec plusieurs variantes jusqu'à son film somme sur le sujet, Sueurs froides. Un film où il est question d'un homme obsédé par le souvenir d'une femme blonde et qui ira jusqu'à en modeler une autre pour la transformer en objet de désir ultime.

La mère :
Dans ses films, Hitchcock ne montre jamais la mère sous un angle très flatteur, sans doute influencé par sa relation avec sa propre mère. Elle est soit autoritaire (Les Enchaînés), moqueuse (La Mort aux trousses) ou possessive (Les Oiseaux). La figure maternelle est un problème pour Hitchcock, et l'exemple le plus flagrant reste Psychose avec son tueur en série, Norman Bates et sa relation plus que particulière avec sa mère…

Le héros ordinaire :
Rejoignant son thème de prédilection - l'homme accusé à tort - certains films du réalisateur mettent en scène un héros innocent confronté à des situations extraordinaires. En utilisant un "monsieur tout le monde", Hitchcock renforce l'identification du spectateur au personnage. On retrouve l'archétype de ce héros ordinaire dans La Mort aux trousses et Les 39 marches.
8. La technique

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Le son :
Après avoir commencé sa carrière à l'ère du muet, Hitchcock est l'un, voire le premier, réalisateur à utiliser le son en Angleterre. Amoureux de la technique, le cinéaste explore avec joie ce nouvel outil et ce dès 1927 avec le thriller Chantage. Curieux de tester le sonore, il réalise peu après sa seule comédie musicale, Le Chant du Danube. Par la suite, il utilisera le son pour accentuer l'ambiance angoissante de ses films, comme les vrombissements de l'avion survolant Cary Grant dans La Mort aux trousses.

La mise en scène :
Perfectionniste maladif sur la forme de ses films, Hitchcock n'a eu de cesse de chercher de nouvelles idées pour surprendre le spectateur. En 1946, il attire le regard sur un verre crucial du récit grâce une lumière placée à l'intérieur du récipient (Soupçons). En 1948, il réalise un film en quasi plan séquence (La Corde). En 1958, pour traduire la sensation de vertiges de Scottie dans Sueurs froides, le caméraman Irmin Roberts développe le "travelling contrarié", aussi appelé "l'effet vertigo". Cette technique donne l'impression d'une image qui s'allonge à l'écran et est depuis utilisée par de nombreux réalisateurs.

La narration :
Hitchcock travaillait ses scénarios dans les moindres détails, tout en imaginant la mise en scène plan par plan. Son projet était tellement abouti dans sa tête que le tournage était pour lui plus un fardeau qu'un épanouissement.
Dans ses scénarios écrits à la virgule près, il glissait un procédé narratif qui très vite devint sa marque de fabrique : le MacGuffin. Le MacGuffin est un élément de l'intrigue essentiel à son développement, mais sans grande importance. Nommé par son scénariste Angus MacPhail, ce procédé prétexte se trouve dans la plupart des films du réalisateur. Dans La Mort aux trousses, il s'agit de microfilms, dans Une femme disparaît c'est un message codé, dans Les Enchainés c'est l'uranium caché dans des bouteilles de vin...

Les décors :
Maniaque du contrôle, Hitchcock a toujours préféré tourner ses films en studio. Ainsi, il n'était pas dérangé par des situations climatiques changeantes ou autres désagréments inopinés d'un tournage en extérieur. Il aimait aussi utiliser les décors comme outil concept, comme dans Lifeboat et Fenêtre sur cour avec leurs décors quasi uniques. Un autre de ses petits plaisirs consistait à utiliser des monuments célèbres dans ses scènes de climax : le Mont Rushmore pour La Mort aux trousses et la Statue de la liberté pour La Cinquième colonne. Au-delà de leur valeur symbolique, ces monuments célèbres ajoutent du grandiose à l'ensemble.
9. Caméos

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Aimant créer une complicité avec le spectateur, Hitchcock avait pour habitude d’apparaître furtivement dans ses films. S'il était le maître du suspense, il était aussi le roi du caméo. Trouver ses apparitions, parfois loufoques, devient très vite un jeu pour le public.
10. Collaborateurs fétiches : Actrices

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GRACE KELLY (1929-1982) :
Lorsqu'Alfred Hitchcock la choisi pour jouer dans Le crime était presque parfait, Grace Kelly n'est pas encore la star qu'elle deviendra par la suite. Elle doit son succès en grande partie au réalisateur, avec qui elle tournera trois films (Le crime était presque parfait, Fenêtre sur cour et La Main au collet). C'est avec elle qu'il perfectionne son archétype de la blonde hitchcockienne.
Malheureusement pour Hitchcock, Grace Kelly tombe amoureuse du Prince Rainier de Monaco. Elle abandonne alors sa carrière hollywoodienne pour devenir Princesse. Il essaiera de lui faire reprendre le chemin des studios pour le rôle de Marnie, mais la principauté refuse de voir sa Princesse jouer une kleptomane. Et bien qu'il tournera avec d'autres grandes actrices, il cherchera toujours sa nouvelle Grace Kelly.

KIM NOVAK (1933-) :
Kim Novak ne jouera que dans un film d'Alfred Hitchcock : Sueurs froides. Bien que sa performance dans le double rôle de Madeleine / Judy passionne, Hitchcock regrettera toujours de ne pas avoir eu Vera Miles comme il le souhaitait. Contrairement à d'autres actrices, Novak a voulu collaborer avec Hitchcock et non pas être une marionnette entre les mains du réalisateur. Bien que frustrée sur certains aspects, Novak sera toujours reconnaissance à Hitchcock de lui avoir offert l'un des plus grands rôles de sa carrière.

INGRID BERGMAN (1915-1982) :
Grande star hollywoodienne suite à son rôle légendaire dans Casablanca de Michael Curtiz, Ingrid Bergman tournera trois films sous la direction d'Hitchcock : La Maison du Docteur Edwardes, Les Enchaînés et Les Amants du Capricorne. Le réalisateur a tellement apprécié sa collaboration avec l'actrice qu'il regrettera de ne pas avoir pu tourner avec elle un quatrième film.

TIPPI HEDREN (1930 -) :
La relation entre Tippi Hedren et Hitchcock symbolise parfaitement la nature obsessionnelle et jusqu'au boutiste du cinéaste. Alors qu'il prépare, Les Oiseaux, Hitchcock recherche une jeune actrice qu'il pourra formater selon ses désirs. Il jette son dévolu sur Tippi Hedren. Vue jusqu'alors uniquement à la télévision, l'actrice débutante saute sur l'occasion de travailler avec le maître du suspense. Pour être sûr de l'avoir sous son contrôle, il lui fait signer un contrat de sept ans, qui lui donne un droit de regard sur chaque décision professionnelle de l'actrice durant cette période. Suite au tournage agité des Oiseaux et aux propositions indécentes du réalisateur, Hedren cherche à rompre cet accord qui les lie, et se décide à sauter le pas après avoir vécu un véritable enfer sur le tournage de Pas de printemps pour Marnie. Blessé dans son égo, Hitchcock ruinera la carrière de l'actrice.
11. Acteurs et compositeurs

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CARY GRANT (1904-1986) :
Grand habitué des comédies, Cary Grant doit à Hitchcock certains de ses rôles les plus intéressants et ambigus. Ce réalisateur qui n'appréciait pas les acteurs a même déclaré "qu'il était le seul acteur qu'il ait jamais aimé". Il tourne cinq films avec le cinéaste (Soupçons, Les Enchaînés, La Main au collet et La Mort aux trousses). Mélange de classe absolue et de monsieur Tout le Monde, Cary Grant est la parfaite incarnation du héros hitchcockien.

James Stewart (1908-1997) :
La star du classique de Frank Capra La Vie est belle était, avec Cary Grant, l'un des acteurs favoris d'Hitchcock. Il tournera quatre films avec le maître, dont deux de ses plus grands succès, Fenêtre sur cour et Sueurs Froides. Son grand charisme fait de lui un héros hitchcockien parfait, notamment dans la déconstruction d'une certaine masculinité.

Bernard Herrmann (1911-1975) :
Compositeur du monument Citizen Kane, Bernard Herrmann marque la musique de films grâce à ses compositions innovantes. Sa collaboration avec Alfred Hitchcock (sept films) lui permet d'obtenir une grande renommée. Avec Herrmann, Hitchcock trouve quelqu'un qui arrive à mettre en musique ses images. Bien que maniaque du contrôle, le réalisateur laissera ainsi le compositeur lui faire des propositions contraires à sa volonté. Le réalisateur ne souhaitait pas apposer de la musique sur la fameuse scène de la douche dans Psychose avant qu'Herrmann lui soumette la célèbre musique stridente composée uniquement de cordes.
12. Hitchcock et la critique

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Réception :
Les films d'Hitchcock sont très souvent mal reçus lors de leur sortie en salles. Quelques-uns sont même des échecs critiques et commerciaux. Alors que certaines personnes reconnaissent les qualités techniques de son travail, d'autres attaquent le caractère violent et sexuel de ses œuvres. Le cinéaste aura beaucoup d'ennuis avec la censure morale mise en place par le Code Hays. Mais il parviendra (presque) toujours à contourner ces interdictions à l'aide de nombreux stratagèmes. Le plus célèbre reste celui utilisé sur Psychose. Pour que la scène de la douche ne soit pas censurée, Hitchcock utilise un montage acéré. Les images assemblées rapidement donnent l'impression de voir de la nudité sans la voir. Il manipule alors ce que voit les producteurs (et plus tard le public) à l'écran. Psychose reçut un accueil très froid de la part des critiques à sa sortie en 1960, tout comme Sueurs froides deux ans plus tôt.

La conséquence directe de cette "impopularité" chez les professionnels se retrouve dans l'absence d'Hitchcock à presque chaque palmarès des Oscars. Exception faites d'une statuette du Meilleur film pour Rebecca (mais qui récompense les producteurs et non les réalisateurs) et d'un prix honorifique en 1968, le cinéaste n'aura presque jamais l'honneur des cérémonies américaines.

Reconnaissance :
La reconnaissance critique viendra de la France. Dans les années 1950, les journalistes des Cahiers du cinéma se penchent sur le cas Hitchcock. IlS voient en lui bien plus qu'un faiseur hollywoodien mais un véritable artiste. Ils commencent à publier des articles sur son œuvre. Par son contrôle total sur ses films, Hitchcock symbolise la "politique des auteurs" que développeront par la suite les Cahiers.

Mais celui qui sera le plus fasciné par Hitchcock et son travail n'est autre que François Truffaut. Grand critique et réalisateur de la nouvelle vague, Truffaut n'aura de cesse d'analyser l'œuvre d'Hitchcock. En 1966 il se rend aux Etats-Unis dans les bureaux d'Universal pour réaliser une série d'entrevues avec le cinéaste. Du 13 au 18 août, les deux légendes parlent cinéma et autres arts. Cette série d'entretiens donnera lieu à un livre, Le Cinéma selon Hitchcock. Cet ouvrage est depuis considéré comme l'un des meilleurs livres jamais écrit sur le cinéma.
13. Un influenceur d'hier et d'aujourd'hui

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Influence chez les cinéastes
Avec une œuvre si riche que la sienne, Hitchcock est très vite devenu une légende. Son travail est depuis étudié dans les écoles. Ses films sont toujours programmés dans les salles de cinéma. Son empreinte sur le septième art est telle que son influence se ressent dans le travail de nombreux cinéastes. Steven Spielberg utilise le cadrage pour créer le suspense (Jurassic Park), les personnages de Paul Thomas Anderson respirent la perversion hitchcockienne (Phantom Thread), Pedro Almodovar joue sur l'image de la blonde hitchcockienne (Les Etreintes brisées), François Truffaut lui rend hommage avec le thriller Vivement Dimanche, etc.

Parmi ces amoureux d'Hitchcock, deux cas particuliers se détachent :

Gus Van Sant. En 1998, le réalisateur auréolé du succès de Will Hunting réalise un remake presque plan par plan du Psychose d'Hitchcock. Projet de longue date, Gus Van Sant explique avoir voulu rendre hommage au maître en respectant (presque) à la lettre le film original. Véritable exercice de style, ce Psychose version 90 est considéré comme un objet expérimental fascinant par certains et une simple copie par d'autres.

Brian de Palma. Pour de Palma, Hitchcock est un dieu du cinéma. Fenêtre sur cour, Sueurs froides, Psychose... Ce sont ces films qui à l'université, lui donnent le goût du cinéma. Dès lors, il est obsédé par Hitchcock, dont il analyse le travail à outrance.
Dès ses premiers films, son amour pour le maître se ressent, comme le voyeur de Hi Mom ! ou encore le personnage de Greetings qui feuillette un livre à la bibliothèque : Hitchcock/Truffaut.
Mais c'est avec Sœurs de Sang que de Palma reprend clairement pour la première fois une trame hitchcockienne. Il va même plus loin en engageant Bernard Hermann, le compositeur fétiche du maître. A partir de là il enchaîne les références au cinéma d'Hitchcock jusqu'à son film ultime sur le sujet, Body Double.

Influence sur le cinéma :
Outre ses innovations techniques et narratives, Hitchcock révolutionne le cinéma de genre avec Psychose. Dans l'Histoire du cinéma, le cinéaste est considéré comme inventeur du sous-genre du film d'horreur : le slasher. Cette catégorie réfère à une intrigue mettant en scène les crimes d'un tueur en série. Bien que Psychose ne soit pas le premier à mettre en scène un meurtrier aux multiples victimes, le traitement du personnage de Norman Bates, notamment sa psychologie, est novateur. Tout comme le sont la mise en place autour de ce jeune homme au premier abord innocent, et les effets de suspense habillement amenés.
Par la suite beaucoup de films d'horreur se placeront en héritiers d'Hitchcock et de son Psychose, comme Halloween, la nuit des masques de John Carpenter, Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, et bien sûr Scream et ses suites signés Wes Craven.

Hitchcock laissera aussi sa trace dans le genre de l'horreur avec Les Oiseaux, qui raconte comment les volatiles d'une petite île américaine s'attaquent à ses habitants. Le réalisateur joue d'effets de mise en scène retors (comme dans la mémorable scène de l'école) pour terroriser les spectateurs. Et quand Steven Spielberg se lance dans Les Dents de la mer, c'est ce film qu'il a en tête quand il tourne les apparitions du requin

Présentation : Réalisateur de légende, Alfred Hitchcock a marqué le septième art par ses idées novatrices, ainsi que sa personnalité unique. Avec cette exposition découvrez son enfance, la découverte de sa passion pour le cinéma, les caractéristiques de ses œuvres ou encore son influence sur le cinéma d'aujourd'hui

Informations pratiques : L'exposition est composée de 14 panneaux illustrés (dont un panneau d'ouverture), rigides et légers, mesurant 60x105 cm. En complément, nous vous proposons une plaquette de présentation, la filmographie du cinéaste, un CD regroupant les thèmes emblématiques de sa carrière, ainsi qu'une ciné-affiche.

Questions et réservation : Contactez-nous pour tout renseignement complémentaire et cliquez sur le bouton ci-dessous pour réserver l'exposition !

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Sommaire

Ouverture
1. Enfance et découverte d'une passion
2. Premiers films
3. Cap sur l'Amérique
4. Succès et œuvres cultes
5. Les années 60
6. Caractéristiques du cinéma hitchcockien
7. Ses personnages
8. La technique
9. Caméos
10. Collaborateurs fétiches : Actrices
11. Acteurs et compositeurs
12. Hitchcock et la critique
13. Un influenceur d'hier et d'aujourd'hui