Dès le début du cinéma l'incorporation du son à l'image préoccupe les inventeurs. En attendant que la technique soit créée certaines scènes étaient accompagnées d'un piano. L'idée de musique était déjà là ! Et elle le restera avec l'invention du sonore inaugurée par ses deux premiers films : Don Juan et Le Chanteur de Jazz d'Alan Grosland. Tous deux contenant des moments chantés.
Par la suite de nombreux films "avec chansons" voient le jour grâce à la technique de synchronisation d'Edison. Immortalisant en chansons les voix de Marlène Dietrich (L'Ange bleu), Danielle Darieux (Un mauvais garçon) ou encore Joséphine Baker (Princesse Tam Tam). Les spectateurs friands de ces scènes chantées en demandent encore... d'où l'apparition de la comédie musicale.
Origine et apparition du genre :
Le genre puise ses origines dans la culture anglo-saxonne, notamment avec la forme du spectacle de l'opéra et sa structure narrative où tout devient possible grâce aux danses et chansons. La plupart des premières oeuvres étaient des adaptations de spectacles montées à Broadway (New York) et Londres avant d'être transcrites à l'écran. C'est pourquoi on trouve énormément d'opérettes filmiques (Monte Carlo et La Veuve joyeuse d'Ernst Lubitsch) aux débuts de l'apparition des films musicaux.
On reconnaît une comédie musicale par la présence de personnages chantant et dansant dans des scènes chorégraphiées allant de la simple sérénade au spectacle grandiose, et d'une intrigue non déterminante permettant l'introduction de ces numéros musicaux. Ce sont eux qui donnent le rythme au film et pas l'inverse. D'où l'importance du montage qui doit réussir les transitions entre les moments dialogués et les scènes chantées.
Contrairement au film noir, la comédie musicale est un moyen pour les spectateurs de s'évader et d'oublier ses problèmes du quotidien. D'où le côté merveilleux des premiers films du genre, qui changera au fil du temps pour aborder des sujets plus graves. Car le genre évolue en fonction du contexte socio-culturel dans lequel il se trouve, pour coller à son époque et ses moeurs.
Le Chanteur de jazz :
I Sorti en octobre 1927 ce film d'Alan Grosland reste dans les mémoires comme la première oeuvre "sonore, parlante et chantante". Avec sa célèbre réplique à double sens ("Wait a minute ! You ain't heard nothin'yet !" "Attendez un peu ! Vous n'avez rien entendu !"), il enterre définitivement le muet. Il est souvent cité comme le premier film musical. Cependant, la technique du sonore étant récente seules quelques scènes sont parlantes.
En plus de son innovation technique, Le Chanteur de jazz est intéressant par son opposition entre le folklore yiddish et les airs entraînants de la communauté noire des années 20.
Alors que le genre explose, l'Amérique connaît dans les années 30 une crise économique sans précédent appelée la "Grande Dépression", le cinéma devient un refuge pour les citoyens américains. Les studios développent l'esthétique de l'évasion, utilisée principalement dans les comédies musicales. Elle repose sur un monde idéalisé dans lequel le spectateur peut oublier ses soucis du quotidien. C'est pourquoi de nombreuses intrigues se déroulent à Paris (Drôle de Frimousse, Un Américain à Paris), la capitale française étant source de nombreux fantasmes pour les Américains.
Par sa structure fragmentée entre moments musicaux et l'intrigue souvent joyeuse, la séduction est immédiate. Le genre cherche à s'éloigner du cinéma sérieux européen en procurant aux spectateurs un instant de bonheur intense.
Les conflits sociaux, économiques et raciaux s'évanouissent au profit de la dimension féerique du quotidien. Ainsi, Pique-nique en pyjama se déroule lors d'une grève dans une usine de textile avant que ce contexte ne soit oublié par l'idylle entre les deux personnages principaux.
Car ce que cherchent à vendre les studios avant tout c'est l'"American dream" (le rêve américain). C'est-à-dire l'image d'une Amérique forte que les problèmes n'affectent pas.
Le Magicien d'Oz :
Adapté du livre éponyme pour enfant de Lyman Franck Baun, Le Magicien d'Oz de Victor Fleming prend au pied de la lettre l'aspect féérique du genre en plaçant son histoire dans le monde imaginaire d'Oz.
Véritable institution aux USA, le film reste un classique grâce à l'enchantement de ce monde aux pavés dorés mais aussi à ses chansons.
Les dix morceaux parcourant le film ont été écrits par deux compositeurs de Broadway, Yip Harburg et Harold Arien. Le duo collaborera aussi à l'élaboration du scénario comme le veut la tradition des comédies musicales.
Petite anecdote : la célèbre séquence Over the rainbow fut initialement coupée au montage par la MGM. Le studio la trouvait inutile. La chanson sera finalement réintégrée et on connaît la suite.
Le Danseur du dessus :
Les années 30 voient l'apparition du couple mythique du genre : Ginger Rogers et Fred Astaire. Le duo se fait remarquer par son alchimie incroyable, mais aussi grâce à ses chorégraphies millimétrées se concentrant sur les chamailleries amoureuses. Astaire ajoute un humour aristocratique à ses scènes dansées et privilégie le langage du corps aux dialogues.
Le couple collaborera sur une dizaine de projets. Mais leur plus connu reste Le Danseur du dessus. Léger, virevoltant et pétillant, le film incarne la quintessence du genre et du style des deux acteurs.
Rogers et Astaire avaient déjà collaboré ensemble avant ce film. Mais Le Danseur du dessus est le premier projet écrit pour eux. Et ça se sent dans sa construction tournant uniquement autour du duo en particulier lors des cinq numéros musicaux qui saupoudrent le récit.
Alors que la comédie musicale des années 30 était reconnaissable à une intrigue sommaire agrémentée de situations basiques, celle des années 50 évolue vers une construction plus complexe, avec un lien plus marqué entre l'histoire et les numéros musicaux.
Ce changement on le doit à deux scénaristes : Betty Comden et Adolph Green (Un jour à New York, Chantons sous la pluie, Tous en scène), l'acteur Gene Kelly, ainsi qu'au producteur de la MGM, Arthur Freed qui a su choisir des réalisateurs de talent avec Vincente Minneli, Stanley Donen et Charles Walters.
Le genre s'éloigne des salons et planches de théâtre pour descendre dans la rue. La comédie musicale n'est donc plus réservée aux personnages de l'élite dont Fred Astaire s'était fait une spécialité. On voit alors apparaître de marins, soldats, sportifs et autres bandits dans les films. Personnages qu'incarne à la perfection Gene Kelly dans Le Pirate ou Un jour à New York. Car contrairement à Astaire, Kelly est à l'aise pour arpenter les trottoirs des villes dont New York (Chantons sous la pluie) ou Paris (Un Américain à Paris). Plus physique, il apporte des figures acrobatiques là où Astaire préfère jouer sur l'abstrait.
Avec ses intrigues plus recherchées, la MGM propose aux cinéastes de poser un regard réflexif sur le genre. Laissant entrapercevoir une certaine remise en question du modèle de la comédie musicale.
Chantons sous la pluie :
Sorti en 1952 Chantons sous la pluie est sans doute la comédie musicale la plus connue de l'âge d'or hollywoodien, voire la plus connue tout court. Mais aussi l'une des plus intéressantes. Car le film nous replonge dans le tourbillon de folie qui souffla sur Hollywood lors du passage du muet au parlant. Cette mise en abîme de l'industrie est encore plus marquante puisqu'elle reflète les origines de la comédie musicale avec le parlant, et l'hécatombe qu'elle provoqua chez les stars n'ayant pas la fibre musicale.
C'est le producteur Arthur Freed qui eut l'idée d'un film basé sur les chansons qu'il avait écrites quand il était parolier. Pour le scénario, on retrouve le duo phare de la MGM, Betty Comden et Adolph Green, chargés de construire une intrigue autour de ces morceaux dont le célèbre Singin In The Rain.
Résultat ? Un classique instantané qui rentre dans l'histoire du cinéma grâce à un scénario intelligent, la reconstitution du Hollywood des années folles, une mise en scène inventive, une bande originale entêtante et un Gene Kelly au sommet de son art que ce soit grâce à ses chorégraphies ou son sourire ravageur.
La Paramount s'appuie sur son duo comique Martin et Jerry Lewis. Mais le studio étoilé ne réussira jamais à marquer l'histoire de la comédie musicale.
Quant à la Fox, elle a la chance d'avoir dans ses rangs la plantureuse Marilyn Monroe. Elle lui fera tourner certaines comédies musicales, dont le classique Les hommes préfèrent les blondes. Réalisé par Howard Hawks ce film reste gravé comme le premier film mettant en scène une amitié brune/blonde, brisant ainsi le cliché de la rivalité "inévitable" entre ces deux femmes. C'est aussi dans ce film que Miss Monroe interprète la chanson Diamonds are a girl's best friend dans une robe rose bonbon mémorable aux côtés du danseur George Chakiris, future star de West Side Story et Les Demoiselles de Rochefort. La Fox connaîtra son heure de gloire musicale avec Un étoile est née de George Cukor qui signait le retour de Judy Garland, l'inoubliable Dorothy du Magicien d'Oz.
Tous en scène :
Egalement produit par Arthur Freed pour la MGM, Tous en scène est un hommage touchant au monde du théâtre et du spectacle. Son réalisateur, Vincente Minnelli, a puisé dans son expérience personnelle de Broadway pour livrer ce film qui contient tous les ingrédients de la parfaite comédie musicale, en y ajoutant les thèmes du vieillissement, de l'échec et du nécessaire renouvellement.
Entre ballet onirique et oeuvre mélancolique (By Myself), Tous en scène brille par son scénario qui agence parfaitement émotion et pur divertissement. C'est aussi dans ce film que Fred Astaire nous montre une partie plus délicate de son jeu avec une composition quasi-autobiographique qui se révèle bouleversante dans sa lucidité sur le milieu du spectacle face à la réalité.
Une étoile est née :
Premier film musical et en couleur de George Cukor, Une étoile est née (1954) est la deuxième adaptation de cette romance entre une star montante et une vedette déchue. La première date de 1937 et la 3ème de 1976 avec Barbra Streisand dans le rôle-titre. Mais l'histoire retiendra celle de Cukor. Réalisateur prolifique hollywoodien, sa version allie génie de la mise en scène à une critique désenchantée du star-système.
Le film reste dans les esprits grâce à la performance de Judy Garland. Absente des écrans depuis quelques années, l'actrice du Magicien d'Oz signe son grand retour. Et quel retour ! Garland captive avec une interprétation intense et troublante.
Une étoile est née fait partie de ces films maudits (remanié au montage puis amputé de 90 minutes à sa sortie) qui reste dans l'histoire autant par son sujet et son casting, que par la légende qui l'entoure.
Les années 60 marquent les sorties des dernières productions dites classiques dont le titanesque My Fair Lady avec Audrey Hepburn. Le genre opère par la suite un virage artistique. Les stars de la danse sont laissées de côté au profit d'acteurs à voix comme Julie Andrews et Barbra Streisand.
Mais l'époque des sixties voit surtout l'arrivée des thèmes de société dans le genre. Entre l'après-guerre, le conflit vietnamien et l'immigration, la réalité rattrape la fiction. Car sous ses airs joyeux, la comédie musicale se permet désormais d'évoquer frontalement ces sujets et injecte un peu de réalisme politique dans ses films. Les actes de la guerre dans La Mélodie du bonheur et Mary Poppins. Mary Poppins est adapté d'une série de livres beaucoup plus sombres écrits par l'auteure anticonformiste, Pamela L. Travers. Le résultat chapeauté par Walt Disney lui-même contient certains aspects de l'oeuvre originale. Mais ce qui reste du film ce sont le personnage joué avec brio par Julie Andrews et les chansons aux mélodies entêtantes.
La guerre du Vietnam est au centre du Hair de Milos Forman, qui marquera par sa vision d'une jeunesse démunie face à ce conflit qu'elle ne comprend pas. De manière encore plus frontale, le Cabaret de Bob Fosse s'attaque au Berlin sordide des années 30 et surtout à la montée du nazisme. Et bien sûr West Side Story qui devait au début opposer des Irlandais et des Juifs avant que les affrontements entre Portoricains et Américains défraient la chronique, plantera le film dans un sujet actuel et proche des spectateurs.
West Side Story :
Alors que la comédie musicale est associée à la joie de vivre, West Side Story la trempe dans la violence de la rue et ses mélodrames. C'est le chorégraphe Jerome Robbins qui eut l'idée d'une transposition sur scène de Roméo & Juliette de Shakespeare avec pour décors New York et ses bas-fonds.
Le spectacle rencontre un tel succès qu'une adaptation sur grand écran est vite envisagée. Le film réalisé par Jerme Robbins et Robert Wise est un exemple de mise en scène. Notamment avec des scènes de danse transformant la violence en ballet chorégraphié. En particulier dans sa séquence d'ouverture qui nécessita le blocage d'un quartier entier de New York en raison des mouvements de grue, panoramique et plongées vertigineuses.
La violence se retrouve aussi dans certains dialogues des clans. Les Jets, ce gang composé de la classe ouvrière blanche, se considèrent comme les "vrais" Américains, bien qu'ayant des parents émigrés d'Irlande, Suède et Pologne et font preuve de racisme envers les Sharks, appartenant à la deuxième génération d'émigrés venant de Porto Rico. Cette xénophobie ambiante apporte une noirceur à l'oeuvre et lui permet, malheureusement, d'être toujours d'actualité avec la société d'aujourd'hui.
Côté casting on retrouve la brillante Nathalie Wood en Juliette moderne et même si Richard Beymer est plutôt bon en amant maudit, c'est la prestation de George Chakiris en Bernardo que l'on retiendra.
Véritable épopée politique et sociale le multi-oscarisé West Side Story change définitivement le visage de la comédie musicale et annonce la fin du genre tel que l'on le connait.
Ce système nouveau est appelé le Nouvel Hollywood par opposition au Vieil Hollywood. Fatigué du politiquement correct, ce mouvement porté par des cinéastes d'un nouveau genre (George Lucas, Francis Ford Coppola, Steven Spielberg, Martin Scorsese) va dès 1967 s'attaquer aux conventions de l'époque, brise certains tabous, rompre avec le manichéisme et le fameux "happy end" (fin heureuse).
Les films se retrouvent sans véritables "héros" mais avec des personnages plus torturés et humains. Fini l'émerveillement, voici le désenchantement. Un désenchantement présent dès 1961 avec West Side Story. Les protagonistes arpentent les quartiers délabrés des villes, sont souvent en proie à une crise identitaire et surtout ils ne sont plus asexués et forcément blancs.…
L'émancipation sexuelle de 1969 se ressent dans l'abandon de l'amour fou et des romances chics considérées comme désuètes. Voici venu le temps des Millie Dillmont (Millie avec Julie Andrews) et la Charity Valentine Hope (Sweet Charity de Bob Fosse). Les films s'attaquent aussi aux tabous de l'identité sexuelle avec l'homosexualité (Cabaret) et la transsexualité (The Rocky Horror Picture Show).
Niveau musique, compositeurs et paroliers s'émancipent du style music-hall parfois jugé mielleux et sans relief. Les exemples les plus flagrants sont les rock n'roll décadent de The Rocky Horror Picture Show, Jesus Christ Superstar et Phantom of the Paradise. Le flower power apparaît grâce à Hair et ses hippies new-yorkais et le disco fait danser John Travolta dans La Fièvre du samedi soir. Travolta que l'on retrouve dans le délicieusement kitch Grease.
A partir des années 80, les majors ferment leurs portes et avec eux leurs départements musicaux. Le genre tombe alors en désuétude. Hormis quelques exceptions (Hairspray), les comédies musicales deviennent des films de danse (Fame, Flashdance) rencontrant un grand succès grâce à l'apogée du disco.
Cabaret :
Adapté du livre à connotation autobiographique de Christopher Isherwood, Adieu à Berlin et du musical de Broadway, Cabaret est sûrement le film musical le plus dur et le plus politique réalisé. Jamais la montée et la dimension totalitariste du nazisme n'auront été filmés de manière aussi effrayante et efficace.
Avec ses personnages tourmentés par des événements qui les dépassent, dont Sally Bowles (Liza Minnelli) en performeuse désabusée et un maître de cérémonie (Joel Grey) glaçant, Fosse exprime à merveille la "divine décadence" de l'oeuvre originale.
Tout ce petit monde est baigné dans la photographie du chef opérateur de 2001, l'odyssée de l'espace, Geoffrey Unsoroth. Sous sa lumière, les projecteurs deviennent froids. Ils ne sont plus là pour magnifier les numéros, mais pour les enfermer dans la réalité sociale du pays. La scène n'est plus une échappatoire.
Avec Cabaret, Bob Fosse signe ce qui semble être le chant du cygne de la comédie musicale, mais surtout offre à Liza Minnelli son meilleur rôle, qui lui vaudra un Oscar de la Meilleure actrice.
The Rocky Horror Picture Show :
Film culte aux Etats-Unis, le Rocky Horror qui fut d'abord un spectacle sur scène, voit un couple de jeunes prudes se rendre dans un mystérieux château suite à une panne de voiture. Là-bas, ils vont vivre une des nuits les plus étranges de leur vie...
Comédie musicale "trash" le Rocky Horror a pour personnages des gens à la sexualité débridée et le fameux Docteur Frank-N-Furter (Tim Curry), le gentil travesti venant de Transsexuel en Transylvanie. Echec commercial à sa sortie, le film devient culte grâce à l'amour des fans devant cet ofni (objet filmique non identifié) qui critique l'Amérique puritaine et dans lequel les personnes différentes sont drôles et non des monstres.
Quasiment disparue pendant presque dix ans, la comédie musicale retrouve le chemin des écrans avec un style moins novateur et surtout empreint de nostalgie. Ce retour est dû au culte que voue de nombreux réalisateurs au genre. Sûrement car il leur permet de ranimer l'aura du grand Hollywood, en plus de leur donner de quoi relever des défis de mise en scène.
Dès 1996, Woody Allen sort Tout le monde dit I love you. Le film reprend l'idée de choisir des stars non spécialisées en danse et chant, comme au début du genre. Avec son côté méta (les personnages sont conscients que la trame ressemble à un musical classique) et enchanteur (l'action se déroule dans trois capitales romantiques : New York, Paris et Venise), le long métrage est un hommage merveilleux saupoudré du cynisme du réalisateur à lunettes.
Un peu plus tard c'est le chorégraphe Rob Marshall qui se lance dans la réalisation de Chicago. Adapté du spectacle de Broadway, le film rencontre un succès phénoménal et remporte une pluie d'Oscars dont celui du Meilleur film. Hommage dans sa forme, certes mais Chicago contient une certaine modernité notamment dans ses personnages féminins et son sous-texte sur la justice. Rob Marshall reviendra à la comédie musicale avec le sous-estimé Nine (adaptation du musical inspiré par le Huit et demi de Felini) et Into the woods : promenons-nous dans les bois.
Ce succès lance une deuxième vie au genre. Notamment avec des adaptations de spectacles de Broadway célèbres. Seule différence : les styles musicaux varient. Le disco d'ABBA se retrouve chanté par Meryl Streep dans Mamma Mia !, le glam rock par Tom Cruise dans Rock Forever, le musical classique par Hugh Jackman dans Les Misérables et un peu plus sanglant par Johnny Depp dans Sweeney Todd.
Bien que ces films soient souvent réussis, ils relèvent plus d'un exercice de style doublé d'un plaisir personnel des réalisateurs à mettre en scène ce genre majestueux qu'est la comédie musicale.
Hairspray :
Sorti en 2007 Hairspray est une adaptation de la comédie musicale de Broadway, elle-même adaptée du film de John Waters datant de 1988. Ce film marque un tournant dans la carrière du réalisateur. Maître du trash, ses films étaient habituellement interdits aux moins de 18 ans. Hairspray (1988)est son premier film "familial". Mais Waters n'oublie pas son identité avec son scénario dénonçant la ségrégation dans l'Amérique des années 60, ainsi que la dictature de la beauté présente dans le monde du spectacle.
On retrouve ces thèmes dans la version de 2007, agrémentés de nouvelles chansons et de chorégraphies plus élaborées. Car le réalisateur n'est autre qu'Adam Shankman, célèbre chorégraphe de Broadway. Avec Hairspray, Shankman réalise son rêve de réaliser une comédie musicale avec ses numéros alliant politique, humour et grandiose. Très respectueux de l'original, le cinéaste reprend l'idée de faire jouer la mère de l'héroïne par un homme, avec John Travolta dans le rôle d'Edna, aussi hommage à la drag queen Divine, égérie de l'univers de John Waters.
Autre style : Pitch Perfect dans lequel un groupe d'étudiantes forme une chorale reprenant des tubes à leur manière. Le film surfe sur la vague des émissions comme American Idol et The Voice avec une touche de féminisme et d'humour politiquement incorrect.
Moulin Rouge ! :
En 2001, l'Australien Baz Luhrmann réveille la comédie musicale avec ce kaléidoscope de sons et d'images, qu'est Moulin Rouge !. Plaçant son histoire dans un Paris fantasmé du XIXe siècle, le réalisateur nous plonge dans un récit romantique et baroque où se mélangent french cancan et une bande originale éclectique et anachronique où l'on peut entendre des chansons de U2, Nirvana, Elton John ou encore Madonna.
Cinéaste des sentiments, Luhrmann s'est inspiré du mythe d'Orphée, poète légendaire capable de charmer par sa seule voix. Le personnage d'Ewan McGregor, plein d'espoir et d'amour, est le symbole de ce romantisme exacerbé. En particulier après sa rencontre avec l'hypnotique Satine, interprétée avec brio par Nicole Kidman.
Mélange des genres visuels, tragédie excentrique, sentiments à fleur de peau, Moulin Rouge ! est un choc cinématographique et prouve que la comédie musicale n'a pas dit son dernier mot !
La La Land :
Mais dernièrement c'est La La Land qui a redonné ses gallons à la comédie musicale tout en proposant un film innovant. Le jeune prodige Damien Chazelle se réapproprie les codes en mélangeant l'euphorie propre au genre à la désillusion que la vie amène. On pense forcement à Tous en scène devant cette histoire de rêve brisée, aux Demoiselles de Rochefort avec son impressionnante séquence d'ouverture ou encore au duo Ginger Rogers et Fred Astaire lors d'une sérénade en claquettes.
Chazelle utilise ces références pour mieux amener son film vers les problèmes d'aujourd'hui, en particulier dans le milieu du divertissement. Mais La La Land est surtout une déclaration d'amour au cinéma et à la "City of Stars", Los Angeles d'une inventivité et émotion folle.
Dès ses balbutiements, Disney associe animation et musique avec sa série Silly Symphonies. De 1929 à 1939, le studio produit ces courts métrages d'animation mettant en scène de manière libre des contes populaires, comme Le Vilain Petit Canard, Hansel & Gretel ou encore Le Petit Chaperon rouge. Grâce au système de Cinéphone (ancêtre du clip musical, avec un montage parallèle entre un morceau et une fiction l'illustrant), le studio utilise ce principe de bande-son synchronisée, donnant aux films leur style unique.
Bien que Douce et Criquet s'aimaient d'amour tendre des (frères Freischer produit par Paramount) soit considéré comme le premier long-métrage d'animation musical, on retient plus souvent Blanche-Neige et les sept nains (1937). Véritable chef-d'oeuvre, le film inaugure la formule animation + chansons qui sera la marque de fabrique du studio jusque dans les années 2000. Suite au succès de Blanche-Neige Disney continue de produire des films chantés dont Cendrillon, Alice au pays des merveilles et Peter Pan.
La période la plus connue et prospère pour le genre musical de Disney correspond à l'arrivée d'Alan Menken en 1989. Compositeur de comédies musicales célèbres, il signe les chansons des classiques comme La Petite Sirène, Aladdin et La Belle et la Bête. A partir des années 2000, le studio semble abandonner les chansons pour se concentrer sur l'aspect technique, notamment avec l'arrivée des images de synthèse.
Mais l'amour du studio pour la musique revient dès les années 2010. Tout d'abord timidement avec Raiponce et ses quelques morceaux. Puis de manière triomphale avec La Reine des Neiges et sa bande originale portée par le tube Libérée, délivrée. Retour aux sources que confirmera le très musical Vaiana, la légende du bout du monde.
L’Étrange Noël de Monsieur Jack :
En 1993, Disney sort le premier film réalisé entièrement en stop motion (animation image par image), L'Etrange Noël de Monsieur Jack. Ce conte macabre réalisé par Henry Selick et écrit par Tim Burton est aussi un conte musical. Preuve que le genre n'est pas réservé à la niaiserie puisque c'est la forme qu'a choisie le cinéaste torturé Tim Burton pour donner vie à ses personnages.
Ambiance gothique pour ce film rythmé par les chansons de Danny Elfman dont les célèbres Bienvenue à Halloween et Que vois-je ?. Par sa technique, sa noirceur et ses personnages immoraux, Mr Jack est un choc pour les spectateurs de l'époque et un ovni dans la maison Disney. Mais le film et sa bande originale deviendront très vite des classiques.
Le long métrage aura droit à une ressortie 3D en 2007 avec une BO remastérisée et ses chansons réinterprétées par des chanteurs rock comme Marylin Manson, Fall Out Boy ou Panic at the Disco.
Bien que souvent critiqué pour leur idéologie simpliste, manichéenne et sexiste, Disney fait passer à travers ses oeuvres des messages de tolérance et d'acceptation de soi. Messages principalement transmis à travers ses chansons aux paroles symboliques. En associant les talents des auteurs de comédies musicales à ceux des contes classiques, Disney a trouvé la formule gagnante.
Ces adaptations musicales en tout genre permettent au studio de changer de style de musique à chaque film et ainsi ne pas se renfermer dans le style de Broadway. On retrouve le jazz dans Les Aristochats, la musique orientale dans Aladdin, les rythmes africains dans Le Roi lion, le gospel dans Hercule ou encore les sonorités asiatiques dans Mulan. Grâce à cette diversité des genres, Disney touche un public de plus en plus large.
Le Roi Lion :
Deuxième film d'animation le plus rentable de tous les temps, Le Roi lion est aussi célèbre pour sa bande originale signée Elton John, Hans Zimmer et Tim Rice. Subtil mélange de musiques traditionnelles africaines et de musical, le trio livre une composition entraînante et marquante. Qui n'a jamais fredonné Je voudrais déjà être roi ou encore le cultissime Hakuna Matata ?
Librement inspiré du Hamlet de Shakespeare et du manga Le Roi Léo de Osamu Tezuka, Le Roi lion est l'exemple parfait du système Disney.
La Reine des Neiges :
Succès surprise de noël 2013, La Reine des Neiges (Frozen en version originale) marque surtout le retour du studio au musical traditionnel. Car bien que des chansons aient été encore présentes dans certains films, la comédie musicale brute avait quitté les récits.
Pour réussir ce retour aux sources Disney n'a pas lésiné sur les moyens, en faisant appel aux compositeurs de Broadway, Robert Lopez et Kristen Anderson-Lopez pour les chansons et Christophe Beck pour la musique dont il a respecté les influences norvégiennes en utilisant des instruments typiques du pays et ses chants traditionnels. Et c'est le jackpot ! Le public adhère aux chansons au point que la fameuse Libérée, délivrée devient un véritable phénomène. Une chanson à la mélodie simple mais surtout un hymne à la tolérance qui a interpelle de nombreuses jeunes filles.
En adaptant librement le conte de Hans Christian Andersen, le studio prouve sa capacité à évoluer avec son époque tout en gardant la magie de son âge d'or. Ici, le manichéisme souvent critiqué des personnages est atténué. Dans le conte, et les premières versions du scénario, Elsa était l'antagoniste classique des histoires du studio en plus de n'avoir aucun lien de parenté avec Anna. En la transformant en jeune femme effrayée par ses pouvoirs avant qu'elle devienne une femme forte acceptant ses différences, Disney prouve son évolution avec des personnages moins caricaturaux. Le film se distinque aussi par l'écriture intelligente et touchante de la relation des soeurs d'Arendelle, Anna et Elsa.
La Reine des Neiges est un tel succès qu'une suite, ainsi qu'une adaptation sur scène sont très vite prévues.
La comédie musicale étant un genre essentiellement hollywoodien, les Français sont très frileux à s'y frotter. En 1939 Abel Gance fera une tentative avec Louise. Mais il faudra attendre Jacques Demy et son audace pour que le genre s'installe.
Dès son premier long métrage, Lola, le cinéaste nantais avait pour ambition de tourner une comédie musicale à l'américaine. Mais faute de moyens, il dut revoir ses ambitions à la baisse. Le film marque tout de même sa première collaboration avec Michel Legrand pour la musique et La Chanson de Lola, seule scène conservée du projet musical d'origine.
En 1964, il arrive enfin à sortir sa comédie musicale : Les Parapluies de Cherbourg. Le film eut énormément de mal à voir le jour à cause de sa forme entièrement chantée; on parle d'un film "en chanté". Les comédies musicales hollywoodiennes ayant très peu de succès en France, les producteurs avaient peur que le film soit un immense échec. Erreur ! Fort de sa reconnaissance cannoise, où il reçut la Palme d'Or, le film rencontre son public en attirant plus d'un million de spectateurs dans les salles. En plus d'être le premier film chanté, Les Parapluies est la première œuvre évoquant la guerre d'Algérie, sujet tabou à l'époque en France. En ajoutant ce côté politique et social (opposition des classes) Demy suit le chemin entamé par West Side Story, c'est-à-dire utiliser la comédie musicale pour parler de sujets graves. Il réitérera l'expérience en 1961 avec Les Demoiselles de Rochefort.
Par ses innovations autant sur le fond que sur la forme, Jacques Demy reste encore aujourd'hui le représentant de la comédie musicale en France.
Mais heureusement d'autres réalisateurs français ont livré des films musicaux tout aussi intéressants. Peu connu, Anna de Pierre Koralnik avec sa BO signée Serge Gainsbourg et son casting branché (Anna Karina, Jean-Claude Brialy) est une tentative à demi-réussie d'allier l'esthétique de la nouvelle vague (mouvement de cinéma d'auteur français) à la comédie musicale. Le duo de réalisateurs Ducastel et Martineau utilise le musical pour parler de l'épidémie du SIDA (Jeanne et le garçon formidable). François Ozon enferme huit actrices dans une maison bourgeoise en les faisant chanter des tubes de la chanson française avec une mort mystérieuse en toile de fond (Huit Femmes).
Quant à Alain Resnais, il expérimente la chanson au cinéma sous la forme du playback (On connaît la chanson) et de l'opérette dans sa pure tradition (Pas sur la bouche).
Mais le dernier représentant en date du genre en France se nomme Christophe Honoré. Souvent appelé l'héritier de Jacques Demy, le réalisateur ne cache pas son admiration devant le "maître". Que ce soit en reprenant La Chanson de Lola dans 17 fois Cécile Cassard ou en réutilisant les couleurs pastel ou le parapluie. Et tout comme Demy, il travaille ses projets avec un compositeur attitré : Alex Beaupain.
Avec ses deux films entièrement musicaux (Les Chansons d'amour et Les Bien-Aimés), Honoré prouve qu'il manie parfaitement l'art du musical mêlant gravité et légèreté. Il essayera même d'aller plus loin en ajoutant à la comédie musicale, le romanesque avec Les Bien-Aimés.
Les Demoiselles de Rochefort :
Deuxième film musical de Jacques Demy, Les Demoiselles de Rochefort contient toute l'imagerie "enchanteresse" du réalisateur, et surtout reflète son génie. Avec ses couleurs vives, ses beaux marins et forains, ses chansons entrainantes et ses gens dansants dans les rues, Rochefort semble être la ville où tout le monde souhaiterait vivre. Mais sous ses allures de petit paradis, la ville regorge de gens mélancoliques, de rencontres ratées et abrite un meurtrier…Cet emballage de bonbon acidulé pour mieux dessiner en filigrane des destins malheureux, voire tragiques est typique de l'oeuvre de Demy.
Le film marque aussi par sa mise en scène moderne et aventureuse composée de mouvements de caméra à la grue, de travelings et de panoramiques vertigineux. La caméra ne cesse de bouger, donnant à l'ensemble une énergie folle.
Pour la bande originale, Demy fait de nouveau appel à Michel Legrand. Le compositeur façonne une bande son utilisant à merveille les nuances de la langue française et ses jeux de mots.
Côté casting, le film imprime sur pellicule la complicité des soeurs Catherine Deneuve et Françoise Dorléac et se voit l'honneur de trouver dans ses rues le roi de la comédie musicale outre-Atlantique, Gene Kelly, ainsi que l'acteur de West Side Story, George Chakiris.
Ce cinéma se caractérise par la présence quasi-systématique de séquences chantées (par un personnage entouré d'un choeur) et dansées toujours démesurées avec des costumes extravagants.
Les comédies musicales bollywoodiennes connaissent un parcours semblable aux Hollywoodiennes, avec un premier âge d'or dans les années 30, puis un deuxième dans les années 40-60. Mais contrairement à ce qui se passe aux USA, le genre ne disparaît pas et figure toujours parmi les plus répandus en Inde. Bollywood a gardé l'aspect grandiose et merveilleux des anciens musicals américains, en les poussant à l'extrême avec des scènes de danse toujours plus spectaculaires.
En Grande-Bretagne aussi on trouve des films musicaux. Berceau de la musique rock et du mouvement punk, le pays de la Reine Elizabeth produit des films politiques dont les fers de lance sont Julien Temple (Absolute Beginners) et Alan Parker. Ce dernier signa le film générationnel Fame et l'adaptation visuelle de l'album culte des Pink Floyd, The Wall.
Dans le reste de l'Europe, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie ont aussi été friands du genre avant qu'il ne disparaisse complètement.
Devdas :
Adapté du roman homonyme écrit par Sarat Chandra Chattopadhyay, Devdas est sûrement le mélodrame bollywoodien le plus célèbre au niveau international. Le livre a connu plusieurs adaptations à l'écran. Mais c'est celle de Sanjay Leela Bhansali qui reste dans les esprits, notamment grâce à son côté musical, notamment grâce aux nombreuses séquences musicales que le réalisateur a choisi d'ajouter. Il aura fallu plus de deux ans et demi pour confectionner tous les numéros parcourant cette épopée de trois heures.
C'est aussi grâce à ce film que le monde entier découvre la flamboyante Aishwarya Rai. Véritable star dans son pays, l'actrice explose avec ce rôle de femme courageuse se battant pour son amour malgré les pressions sociales.
Sorte de Roméo et Juliette indien, Devdas est considéré par beaucoup comme "un point de référence mythologique pour le cinéma hindi" et une parfaite représentation du style Bollywood à l'étranger.
Dancer in the dark :
Seul film musical danois, Dancer in the Dark est une "comédie musicale dramatique" comme le précise son réalisateur, le controversé Lars von Trier. Le film, récompensé à Cannes par une Palme d'or et un prix d'interprétation féminine, est construit comme un opéra où la légèreté de la comédie musicale semble disparaître pour mieux transcender les numéros musicaux, véritable échappatoire de l'héroïne. Si le film est marqué par les tensions entre l'actrice (Björk) et son réalisateur, il reste un challenge technique avec ses scènes à cent caméras donnant un aspect vertigineux à l'ensemble et ses chansons composées par Björk dont les mémorables Cvalda et Selma's song.
Dancer in the Dark est aussi un tourbillon d'émotions passant du drame social au musical expérimental avec quelques touches d'humour à la Lars von Trier. Un film qui divisa, et divise encore, public et professionnels mais qui est sans conteste une vraie proposition de cinéma.
Cette parenthèse permet aux scénaristes d'apporter une certaine fraîcheur en plus de s'amuser avec un exercice de style.
C'est le cas dans des comédies comme Scrubs ou That 70's Show qui s'amusent du côté loufoque de leurs personnages pour se livrer à un épisode rigolo revisitant les classiques de l'époque pour la première et créant des chansons correspondant à la personnalité des personnages dans la seconde. Moins léger mais restant dans le stylisé, citons Grey's Anatomy et son épisode reprenant les chansons phares entendues dans la série par les personnages. Dans d'autres séries on note aussi la présence de scènes musicales à l'intérieur d'un épisode. C'est le cas dans How I Met Your Mother et Skins.
Mais l'épisode musical devient vraiment intéressant lorsqu'il reprend l'idée d'une vérité trop douloureuse à prononcer lors d'une conversation "normale" et nécessite un passage en chanson pour faire passer la chose.
Buffy contre les vampires :
Et l'exemple parfait de ce procédé est Once More with Feeling (Que le spectacle commence) de la série culte Buffy contre les vampires. Véritable événement, cet épisode est une réussite en tous points.
Le premier : l'introduction de la comédie musicale. Il est toujours difficile d'introduire du chant et de la danse dans l'univers d'une série qui en est loin. Et Buffy s'en sort brillamment grâce à l'invention d'un démon de la danse venu de la bouche de l'enfer. Sa spécialité ? Placer les habitants d'une ville sous un sort, les obligeant à chanter leurs vérités avant de les laisser se consumer (littéralement) dans une danse effrénée.
La deuxième : la bande originale. Entièrement écrites par le créateur de la série, Joss Whedon, les chansons oscillent du jazz au rock à la pop au music-hall selon les personnages qui les interprétent. Allaint parfaitement l'humour (la phobie des lapins) à la noirceur (le vide que ressent Buffy) du show, tout en oubliant pas de livrer des purs moments de comédie musicale (une querelle amoureuse et une déclaration d'amour), la bande originale est une merveille de jeux de mots et de sous-entendus.
La troisième : les révélations. Rien ne sera plus pareil après cet épisode pour le Scooby Gang ! Pas car ils ont chanté et dansé, mais par ce qu'ils apprennent les uns sur les autres et surtout sur Buffy. Cet épisode se déroule pendant la saison 6, connue pour être la plus sombre par ses thèmes et l'état d'esprit de son héroïne ressuscitée en début de saison. Depuis son retour d'entre les morts, on sent la tueuse à la dérive. Son entourage en découvre la raisons après le spectateur, lors d'un morceau débutant comme un numéro de Broadway avant d'enchaîner avec un solo dramatique révélateur et de finir en apothéose avec Buffy cherchant son salut dans une chorégraphie endiablée.
Once more with feeling est considéré, encore aujourd'hui, comme un modèle du genre, tant Joss Whedon a su utiliser de manière intelligente tous les outils de la comédie musicale pour les intégrer à l'univers de sa série.
Les scénaristes utilisaient les moments chantés comme une scène personnelle où les personnages, souvent considérés comme des losers, pouvaient s'exprimer sans crainte.
On citera aussi la brève mais intéressante Smash, qui reprend la structure des anciennes comédies musicales. L'intrigue se déroule dans les coulisses de la préparation d'un spectacle de Broadway sur la vie de Marilyn Monroe. Alternant morceaux inédits et reprises, la série est aussi impitoyable sur sa vision du monde du show-business new-yorkais.
Inédite en France, la déjantée Galavant vaut tout de même le détour ! Ce musical médiéval mêlant satire et humour avec brio ne serait pas sans rappeler certaines oeuvres des Monty Python.
Et pour finir les téléfilms High School Musical ont aussi marqué les esprits, surtout celles des jeunes filles grâce à Zac Efron, et pas forcément en bien. Avec ses personnages mielleux et ses intrigues simplettes, High School Musical a renforcé l'image "niaise" collant à la peau du genre.
Cependant, ces téléfilms ont le mérite d'aborder certains problèmes adolescents en chansons, et ce bien avant Glee.
Xena :
Autre série qui a su tirer avantage de la comédie musicale : Xena, la guerrière. Cette série datant des années 90 avec une princesse guerrière en personnage principal dans une Grèce mythologique fantasmée, nous offre un épisode musical alors que son héroïne est en plein conflit émotionnel avec son amie et partenaire de route. C'est un véritable opéra tragique que propose la série, ampli de symbolisme et de chants lyriques (grâce à la voix puissante de l'actrice Lucy Lawless).
Xena réitéra l'expérience avec un autre épisode musical, cette fois placé sous le signe de la légèreté et des reprises de tubes.
Enfant de la balle, Vincente Minnelli baigne dès son enfance dans le monde artistique. Il débute sa carrière de metteur en scène au Radio City Music Hall (une salle de spectacle). Très vite il se fait un nom à Broadway. Repéré par Arthur Freed, il signe un contrat avec la MGM en 1940. Après deux films corrects (Un petit coin aux cieux, Mademoiselle ma femme), il trouve sa patte avec le film musical Le Chant du Missouri (1944) dans lequel on retrouve l'actrice du Magicien d'Oz, et sa future épouse, Judy Garland.
Par la suite il réalise des chefs-d'oeuvre de la comédie musicale, son genre de prédilection, dont Un Américain à Paris et Tous en scène. Mais sa filmographie contient aussi des comédies (Le Père de la mariée) et des drames abordant des sujets délicats comme l'alcoolisme (Comme un torrent) ou la maladie mentale (La Toile d'araignée).
Cinéaste marquant par son exploration de la frontière entre réalité et fantasme, Minnelli est encore aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands réalisateurs hollywoodiens.
Stanley Donen :
Avant de devenir réalisateur, Stanley Donen était danseur professionnel à Broadway. Là-bas il rencontre, Grace Kelly avec qui il collaborera souvent pour les numéros dansés des films de l'artiste. En 1949 sort son premier film en tant que réalisateur Un jour à New York connu pour ses décors en extérieur.
Mais la consécration ultime viendra avec Chantons sous la pluie qu'il co-réalise avec Gene Kelly et qui deviendra la comédie musicale la plus emblématique du genre. Il co-réalisera deux autres comédies musicales avant de s'aventurer sur le terrain de la comédie, dont il renouvelle les codes en mélangeant humour, suspens et romance. Il s'essayera aussi au drame (Voyage à deux) et à l'adaptation de mythe (Faust). En 1978, il réalise la comédie musicale Folie-Folie. Mais le succès n'étant pas au rendez-vous, il décide de se retirer du monde du cinéma.
Jacques Demy :
Prenant goût au spectacle dès le plus jeune âge, le jeune Nantais fait ses premières armes en montant des spectacles de marionnettes et de film d'animation dans le grenier familial, avant de s'envoler à Paris où il intègre une école de cinéma et photo. Après quelques emplois d'assistanat, il réalise le documentaire Le Sabotier du Val de Loire (1955) avant de passer à la fiction avec le court métrage Le Bel indifférent (1958). En 1960, il sort son premier long métrage et son film le plus nouvelle vague, Lola avec Anouk Aimée.
Après un film sur la dépendance aux jeux (La Baie des anges), le jeune réalisateur se lance dans son désir le plus fou : faire une comédie musicale. Tout d'abord avec le film "en-chanté" Les Parapluies de Cherbourg, puis Les Demoiselles de Rochefort. Grâce à ces deux films il deviendra le roi de la comédie musicale en France. Genre qui le fascine et auquel il reviendra avec Peau d'âne et Trois places pour le 26.
Mais le cinéaste s'aventurera dans bien d'autres genres. Le film en costumes (Lady Oscar), le contemplatif (Model Shop), la farce (L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune), etc. Décédé en 1990, Jacques Demy laisse une oeuvre audacieuse et bien plus sombre que ce que son emballage coloré laisse paraître.
Bob Fosse :
Débutant sa carrière très tôt, Bob Fosse est sûrement le chorégraphe et metteur en scène le plus connu de la comédie musicale américaine. Il doit sa renommée à un style unique, baroque et mélangeant les genres musicaux, comme le jazz et le charleston. Après avoir participé à plusieurs films pour les scènes dansées, il réalise son premier long métrage Sweet Charity, remake musical de Nuits de Cabiria de Federico Fellini. Mais il est surtout connu pour être l'auteur du chef d'oeuvre Cabaret avec Liza Minnelli. Au cours de sa carrière il remporta de nombreux prix dont la Palme d'or pour Que le spectacle commence ! en 1980. Avec ses films modernes, sensuels et sombres, il est le réalisateur qui a le mieux réussi à capter le déclin du genre musical et les doutes inhérents à la vie d'artiste.
Enfant prodige (il commence la danse à 5 ans), Fred Astaire de son vrai nom Frederick Austerlitz, débute sa carrière sur les planches. Lors d'une représentation de La Joyeuse divorcée il est repéré par le producteur Mervyn Le Roy avant d'être engagé par David O. Selnick pour jouer dans Carioca (1933). Ce film marque ses débuts à la RKO et surtout ceux avec Ginger Rogers, actrice dont il partagera l'affiche à dix reprises tant leur alchimie crève l'écran. Après des succès mitigés, le duo se sépare.
Astaire essaye tant bien que mal de remplacer Rogers en tournant avec Eleanor Powell (Broadway qui danse) ou Rita Hayworth (L'amour vient en dansant). Le temps d'un film Astaire retrouve sa partenaire pour La Parade de printemps (1947). Mais c'est en solo qu'il retrouvera de nouveau le succès. Après un Oscar d'honneur en 1950, il apparaît dans Mariage royal de Stanley Donen. La carrière de l'acteur, avec ses personnages classiques, pâtit de la sortie du moderne Chantons sous la pluie. Mais il rebondit grâce à Tous en scène qui présente des similitudes avec sa vie d'artiste.
A la fin des années 50, il retourne à la comédie musicale avec Drôle de frimousse avant de changer de registre avec Le Dernier rivage, film de science-fiction. Il tournera une dernière comédie musicale en 1968, La Vallée du bonheur de Francis Ford Coppola, mais le film ne trouve pas son public.
La fin de sa carrière se compose d'apparitions sur le petit écran et dans le film d'horreur Fantôme de M. Il décède en 1987 mais reste encore aujourd'hui un symbole de la comédie musicale.
Gene Kelly :
Il est presque l'emblème de la comédie musicale à lui tout seul ! Eugène Curan Kelly dit Gene Kelly naît à Pittsburgh au sein d'une famille nombreuse et artistique. Dès huit ans il monte sur les planches lors de spectacles amateurs. En plus de la danse, il se passionne pour le sport. Ce qui se retrouvera dans ses chorégraphies de haute volée.
La danse est une histoire de famille chez les Kelly. En 1932 ses parents ouvrent leur studio de danse : The Gene Kelly Studio of Dance. Le jeune homme y enseigne la danse avant de faire ses débuts à Broadway avec la comédie musicale Leave it to me. Il débute sa carrière cinématographique à la MGM en 1942 aux côtés de Julie Garland dans Pour moi et ma mie. Après un film pour Colombia Pictures (La Reine de Broadway), il tourne Escale à Hollywood avec Franck Sinatra, qui lui vaudra une nomination à l'Oscar du meilleur acteur.
Après une pause de deux ans pour cause de service militaire, il revient au cinéma et ajoute une corde à son arc : la réalisation. Il co-réalisera avec Stanley Donen Un Jour à New York, Beau fixe sur New York et le cultissime Chantons sous la pluie. Par la suite il continuera à réaliser ses films mais ce sont ses apparitions à l'écran qui resteront dans les mémoires.
En 1957, il quitte la MGM ce qui freine énormément sa carrière. L'un de ses derniers rôles marquants viendra de France grâce à Jacques Demy et ses Demoiselles de Rochefort. En plus de ses comédies musicales, il réalise des documentaires principalement centrés sur la danse au cinéma dont Hollywood, Hollywood !.
Surtout connue pour le duo qu'elle formait avec Fred Astaire, Ginger Rogers apprend le chant et la danse aux côtés de sa mère avant de rejoindre une troupe de vaudeville ambulant. C'est durant cette période qu'elle croisera pour la première fois la route de Monsieur Astaire…
Après un passage à la Paramount peu convaincant Rogers enchaîne les succès avec 42ème rue et Chercheuses d'or avant de retrouver Fred Astaire dans Le Danseur du dessus et pour toute la décennie suivante avant de se quitter de nouveau et de se retrouver une ultime fois pour Entrons dans la danse en 1949. Mais Rogers excelle aussi dans le drame. Comme dans Kitty Foyle de Sam Wood qui lui vaudra l'Oscar de la meilleure actrice. Par la suite elle continue d'alterner comédie et drame jusqu'en 1965. Année où elle décide d'arrêter sa carrière.
Liza Minnelli :
Avec pour parents Judy Garland et Vincente Minnelli, on peut dire que Liza Minnelli est née dans un milieu artistique privilégié. Dès l'adolescence elle se dirige vers le music-hall où elle remporte très tôt un Tony Award (Oscar de Broadway). Elle obtient son premier grand rôle au cinéma dans The Sterile Cuckoo qui lui vaudra déjà une nomination à l'oscar. Récompense qu'elle décrochera grâce à son rôle dans le Cabaret de Bob Fosse. Elle tournera aussi avec son père (Nina) avant de livrer une autre grande performance inoubliable dans New York New York de Martin Scorsese.
A partir des années 80, elle quitte les plateaux de cinéma pour se consacrer de nouveau à la scène. On la retrouve à l'écran pour des apparitions exceptionnelles comme dans Sex and the City 2, où elle effectue la célèbre chorégraphie de Single Ladies.
Michel Legrand :
Diplômé du conservatoire de Paris, Michel Legrand insuffle un nouveau style à la musique de film en mélangeant classique et jazz. Il se fait très vite un nom dans le milieu grâce à ses compositions pour Jean-Luc Godard ou Agnès Varda. Mais c'est sa collaboration avec Jacques Demy qui fera de lui le roi des compositeurs de films en France, grâce aux mélodies et paroles des Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, Peau d'âne et autre Lola. Cette notoriété lui permettra de travailler en Amérique, notamment avec Clint Eastwood et Orson Welles.
Alan Menken :
Alan Menken est principalement connu pour ses chansons écrites pour les films Disney. Il est derrière les tubes de La Belle et la Bête, La Petite Sirène, Aladdin, Pocahontas, etc. S'il s'aventure sur le petit écran (Galavant) et l'animation pour adultes (Sausage Party), il reste fidèle à Mickey. Pour preuve il composera de nouveaux morceaux pour l'adaptation live de La Belle et la Bête. Qui permettra au public d'entendre la voix douce d'Emma Watson, l'ancienne Hermione d'Harry Potter.
Présentation : Genre ultime de l'Âge d'or du cinéma hollywoodien, la comédie musicale bénéficie d'une aura digne de ses stars les plus emblématiques. Avec ses débuts marqués par des récits fantasmés, des numéros grandioses et des mélodies entêtantes, et son évolution vers un réalisme empreint de politique, le genre fascine. Avec cette exposition, les origines de du genre, ses caractéristiques, ses stars, son influence sur le septième art, ainsi que ses œuvres fondatrices, n'auront plus de secrets pour vous !
Informations pratiques : L'exposition est composée de 19 panneaux (dont un panneau d'ouverture), rigides et légers, mesurant 60x105 cm, illustrés avec des extraits musicaux grâce à des QR Codes. En complément, nous vous proposons une plaquette de présentation, une filmographie sélective du genre, ainsi qu'une ciné-affiche.
Questions et réservation : Contactez-nous pour tout renseignement complémentaire et cliquez sur le bouton ci-dessous pour réserver l'exposition !
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