Les principaux réseaux de télévision étant privés, le financement des émissions repose sur la publicité, ce qui influe sur les formats (les scénarios prennent en compte les pauses publicitaires) comme les contenus : les sponsors préfèrent les fictions consensuelles censées séduire un large public.
Les soap operas (ou soaps, savons, en anglais), feuilletons quotidiens ainsi baptisés parce que leurs commanditaires étaient souvent des fabricants de lessives, sont plutôt programmés en journée et visent un public féminin. Le genre s’inscrit dans une veine sentimentale avec son cortège d’amours, trahisons, conflits, réconciliations, secrets de famille… Haine et passions (Guiding Lights), lancé en 1952, affiche une longévité exceptionnelle : cette chronique familiale située dans une ville fictive prendra fin en 2009.
Le polar est déjà présent et Badge 714 (Dragnet) reconstitue de véritables enquêtes policières. Le western occupe une place de choix avec Au nom de la loi (Wanted : Dead or Alive), où Steve McQueen incarne un chasseur de primes, ou encore Rawhide, diffusé entre 1959 et 1965 et interprété par Clint Eastwood. Sans oublier Bonanza ou, dans le genre plus classique de l’aventure, Zorro produit dès 1957 par les studios Disney. Alfred Hitchcock présente, créé en 1955, consacre la série d’anthologie. Les personnages et les récits diffèrent à chaque épisode mais l’unité de cette collection de courts‑métrages est assurée par la présence du Maître du suspense.
Les bases des principaux genres sont jetées, la créativité va pouvoir s’exercer...
Extravagante Lucy
Dès 1951, la sitcom (comédie de situation) s’impose comme un genre majeur avec I Love Lucy qui réjouira les spectateurs jusqu’en 1957.
Référence incontestable, la série met en scène une femme au foyer farfelue déterminée à devenir une star malgré le désaccord de son mari. Interprétée par Lucille Ball et Desi Arnaz, elle est produite par leur propre studio Desilu, installé à Hollywood.
Chaque épisode était filmé en continu devant un public de 300 personnes.
Le 3 novembre 1963 à 19h30, la France découvre sur l’unique chaîne de la RTF la première aventure de Thierry la Fronde.
Les téléspectateurs adoubent immédiatement ce jeune et courageux seigneur épris de justice défiant les Anglais en pleine guerre de Cent Ans. Quatre saisons seront diffusées jusqu’en 1966.
A l’instar de leur héros, les spectateurs en culottes courtes pratiquent alors le tir à la fronde dans les cours de récréation et les panoplies à l’effigie du justicier en collants figureront en bonne place sur les listes de Noël.
Le succès de ces épisodes de moins d’une demi‑heure chacun fait suite à celui rencontré par la série britannique Ivanhoé, interprétée par Roger Moore et lancée en 1958. Entouré de ses compagnons, « soldats de l’ombre, enfants de la nuit », comme les qualifie la chanson du générique, Thierry la Fronde au cœur de sa forêt de Sologne fait aussi penser à Robin des Bois et ses fidèles camarades de Sherwood.
Son créateur, Jean‑Claude Deret, est un pionnier de la télévision française. Ce scénariste et comédien, qui s’était réservé le rôle du « méchant », messire Florent, fut par ailleurs un des acteurs de la toute première série TV hexagonale, L’Agence Nostradamus, neuf épisodes d’un quart d’heure, en forme d’enquête sur des « crimes astrologiques » réalisés en 1950.
Quant à l’interprète de Thierry La Fronde, Jean‑Claude Drouot, il poursuivra sa carrière entre théâtre et télévision où il s’illustrera entre autres dans Gaston Phébus, Les Gens de Mogador ou La Rivière Espérance.
« Bon Dieu… mais c’est bien sûr »
À la fin des années 1950, le petit écran se démocratise en Europe et la France se met à produire des séries. Dès 1958, les spectateurs suivent les enquêtes (alors en direct !) du commissaire Bourrel dans Les Cinq dernières minutes. Elles se prolongeront jusqu’en 1973 avant de connaître deux reprises. Les Enquêtes du commissaire Maigret commencent, elles, en 1967. Et si en 1965, la mini‑série Belphégor ou Le Fantôme du Louvre provoque quelques cauchemars, Les Saintes chéries mettent en scène les mésaventures comiques d’un couple joué par Micheline Presle et Daniel Gélin.
Le Prisonnier (The Prisoner), diffusé pour la première fois en Angleterre sur la chaîne ITV, entre octobre 1967 et février 1968, est arrivé sur les écrans français dans la foulée, au printemps 68. Bienvenue au Village.
Alors que l’atmosphère politique de l’époque privilégie volontiers l’action collective, la série créée par George Markstein et Patrick McGoohan, son interprète principal (également réalisateur de cinq épisodes), se démarque en montrant un héros qui refuse l’assimilation au groupe. Ce décalage explique peut‑être en partie pourquoi la série n’a pas rencontré un grand succès d’audience et ne comptera finalement que 17 épisodes. Le héros est un ancien agent secret britannique, tout juste démissionnaire. Kidnappé, il se retrouve prisonnier d’un village à l’apparence idyllique, où toute individualité est gommée au profit de la communauté. Là, personne ne porte plus un nom mais un numéro. Il devient le 6 et cherche désespérément à s’enfuir. La liberté individuelle et la manipulation mentale sont bien évidemment au cœur de la série.
Le Prisonnier est à la fois un thriller politique, un drame psychologique et une oeuvre de science‑fiction. Elle a généré des dizaines d’interprétations, aussi enfiévrées que pourront l’être les théories autour de Lost, quelques décennies plus tard.
Plus de 40 ans après sa création, la révolte de son héros, « Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre », n’a rien perdu de sa puissance.
À ce titre, c’est incontestablement la première série culte internationale et il n’est guère étonnant que le remake de 2009, une mini‑série en six épisodes dans laquelle Jim Caviezel reprend le rôle du Numéro 6, ait fait pâle figure en comparaison.
Humour toujours
Le goût britannique pour les intrigues tortueuses et l’espionnage s’accompagne souvent d’un trait d’humour.
Elégance, charme et dérision irriguent Chapeau melon et Bottes de cuir (The Avengers, diffusé à partir de 1961) ou Amicalement vôtre (The Persuaders!, 1971).
Si les trois premières saisons de Chapeau melon sont à peu près inconnues du grand public, l’association de John Steed (Patrick MacNee) avec Emma Peel (Diana Rigg) dans les saisons 4 et 5 assure le succès de la série. John Steed sera par la suite associé à Tara King (Linda Thorson, saisons 6 à 9), puis à Purdey et Gambit (Joanna Lumley et Gareth Hunt) lors de la relance de la série en 1976 (The New Avengers).
Qu’il s’agisse d’un homme seul, d’un duo ou d’une brigade toute entière, l’enquête policière procure la plupart des éléments qui retiennent les téléspectateurs devant leurs écrans : suspense, émotions fortes, problèmes de société…
Traité sous la forme la plus noire ou avec un brin d’humour, le genre se prête à toutes les formules, des plus classiques au plus audacieuses.
Ainsi, Columbo, apparu en 1971 sur NBC (après la diffusion d’un téléfilm en 1968), occupe une place à part dans l’histoire des séries policières, grâce notamment à un choix scénaristique fort : chaque épisode s’ouvre avec l’exécution d’un crime, dont le spectateur connaît immédiatement l’auteur. L’intérêt n’est donc pas une quelconque résolution finale, mais le chemin que va emprunter l’inspecteur Columbo, membre de la brigade criminelle de Los Angeles, pour parvenir à la vérité.
Pratiquement pas de coups de feu, ni même d’interrogatoires musclés, c’est la déduction qui est à l’honneur.
Columbo parle de sa femme (qu’on ne voit jamais) et laisse croire à ses interlocuteurs qu’il est moins intelligent qu’eux. La ruse ultime.
Peter Falk, pilier des films de John Cassavetes, a quant à lui obtenu grâce à ce personnage attachant une renommée mondiale. Sa mine chiffonnée, son imper fripé, et sa 403 Peugeot cabriolet ont imposé un style inimitable qui fait encore référence aujourd’hui. Mais ses éternels cigares ne seraient plus tolérés nulle part.
Flics stories
Parmi les dizaines de séries policières réalisées partout dans le monde, certaines se sont démarquées plus que d’autres : New York Police Blues (NYPD Blue) a par exemple suivi pendant douze ans le parcours et l’évolution d’un personnage extraordinairement complexe, Andy Sipowicz (Dennis Franz), véritable colonne vertébrale d’une série pourtant « chorale ».
La veine des duos atypiques et rebelles, comme Starsky et Hutch ou Deux Flics à Miami (Miami Vice) a quant à elle fourni une recette particulièrement efficace, encore largement employée aujourd’hui.
La famille est un sujet de prédilection pour les séries.
Les conflits et les élans sentimentaux s’y épanouissent naturellement et permettent aux téléspectateurs de s’identifier aux personnages et aux difficultés qu’ils rencontrent. Même quand, en apparence, le contexte est très éloigné du quotidien de ceux qui regardent, comme la conquête de l’Ouest dans l’Amérique de la fin du XIXe siècle. La Petite maison dans la prairie (Little house in the prairie, 1974‑1983) en est une parfaite illustration.
Les tribulations de la famille Ingalls, installée dans le Minnesota, à Walnut Grove, durant la plus grande partie de la série, ont ainsi passionné des millions de spectateurs de par le monde.
Autour de Laura (Melissa Gilbert), le personnage central, suivie de l’enfance à l’âge adulte, la série décline des valeurs traditionnelles et des thèmes classiques : solidarité familiale, foi religieuse, amours contrariées et amitiés inébranlables.
Le père, Charles (Michael Landon), incarne la force et la justice, la mère, Caroline (Karen Grassle), douceur et compréhension. Grâce à eux, la fratrie, constituée d’enfants naturels et adoptés, grandit et trouve petit à petit son chemin sans jamais déroger, ou du moins pas longtemps, aux valeurs du clan.
Pour trouver des personnages “antipathiques”, il faut regarder du côté de la famille Oleson, notamment la mère Harriet, cupide, vaniteuse et arrogante, et sa fille aînée, Nellie, la peste par excellence.
Ces personnages, volontiers archétypaux, n’ont pas empêché la série d’être constamment rediffusée, notamment en France.
Les joies du foyer
La famille, c’est vaste…
Ma sorcière bien aimée (Bewitched, 1964‑1972) choisit par exemple de traiter le sujet en faisant appel au merveilleux. Trois générations de femmes : Samantha, l’héroïne, sa mère Endora, et sa fille Tabatha sont toutes dotées de pouvoirs magiques mais néanmoins confrontées à des problématiques très quotidiennes.
En France, le genre est également très populaire : Une famille formidable existe depuis de 20 ans sur TF1, tandis que la série de France 2, Fais pas ci fais pas ça, explore avec succès les aventures des familles Lepic et Bouley depuis 2007.
Qui a tiré sur J.R. ?
En faisant abattre son personnage emblématique dans le dernier épisode de la saison 3, en novembre 1980, les scénaristes de Dallas et la chaîne CBS ont réussi un coup de génie et inventé un fameux « cliffhanger ». L’insoutenable suspense tient en haleine toute une nation pendant des mois et fait la fortune des officines de parieurs. L’épisode qui révèle le nom du coupable (le 4e de la saison 4) battra tous les records d’audience de l’époque, 83 millions de téléspectateurs. La France découvrira le pot aux roses seulement deux ans plus tard, on est alors bien loin de l’information globale…
Pourtant, Dallas (1978‑1991) n’a pas été un triomphe à son démarrage et ce n’est qu’à partir du milieu de la deuxième saison, lorsque le personnage de J.R. (avec le fameux sourire démoniaque de son interprète, Larry Hagman) deviendra le pivot de la série, qu’elle accèdera à un succès hors du commun.
Les coups bas de la famille Ewing, leurs barils de pétrole et leurs verres de trop entrent dans la culture populaire à grands coups de bottes. Et tant pis si les scénaristes doivent tirer sur la corde pour justifier le va‑et‑vient des comédiens dans la série (le retour de Patrick Duffy étant le plus célèbre, la saison 9 n’était donc qu’un rêve… Good morning !). C’est sans doute ce qui finira par provoquer son inéluctable déclin, mais l’impact laissé par Dallas dans la mémoire collective est toujours extrêmement vivace. La chaîne TNT a même relancé Dallas, mais pour trois saisons seulement entre 2012 et 2014.
Sacrées sagas
Parmi les grands soap operas qui ont eu l’honneur de triompher en soirée (aux États‑Unis en tout cas), on retrouve bien entendu Côte Ouest (Knots landing), série dérivée de Dallas qui s’articule autour de Gary Ewing, le fils alcoolique parti faire sa vie au bord du Pacifique.
Autre saga emblématique, Dynastie (1981‑1989), qui, à force d’en rajouter dans le clinquant et le tapageur, a fini par rattraper, puis dépasser Dallas. Il faut dire que la série bénéficiait d’une garce presque aussi emblématique que J.R. Ewing en la personne d’Alexis Carrington (Joan Collins).
Si les dessins animés ont été présents à la télévision quasiment depuis l’invention du petit écran, les années 70‑80 constituent un nouvel âge d’or.
Les mangas japonais (bandes dessinées) sont adaptés en « anime » (une appellation dérivée de l’anglais “animation”) et trouvent une large audience hors de leurs frontières, ouvrant de nouveaux horizons graphiques aux jeunes occidentaux.
Avec Goldorak, une première génération biberonne aux aventures d’Actarus et le mime du fulguropoing fait un tabac dans les cours de récréation. Albator sera lui un héros un peu plus sombre et romantique, mais également efficace.
Néanmoins, c’est la génération suivante qui s’approprie pour de bon la culture manga avec Dragon Ball et Dragon Ball Z, créés par Akira Toriyama. La France a d’ailleurs connu les dessins animés avant les BD, en 1988, dans le cadre du Club Dorothée, sur TF1.
Dragon Ball et ses nombreuses déclinaisons content les aventures de Son Goku, jeune homme confronté à d’innombrables ennemis dans sa quête de boules magiques. La diffusion de certaines images violentes a parfois suscité la controverse, compte‑tenu de l’âge des téléspectateurs, mais l’univers de Dragon Ball demeure l’un des plus populaires à ce jour. Il existe non seulement en mangas et dessins animés, mais aussi en films ou en jeux vidéo.
D’autres animes ont connu un immense succès dans les années 80 en s’appuyant sur des scénarios radicalement différents. Jeanne et Serge, par exemple, une histoire d’amour sur fond de volley‑ball a suscité à l’époque un grand nombre de vocations pour ce sport méconnu des enfants. Un engouement passager, mais celui pour les animes en revanche ne s’est jamais démenti.
L’odyssée d’Homer
Pendant ce temps là, une famille unique débarque sur les écrans américains de la Fox, en 1989, avant d’envahir le reste du monde. Les Simpson, création de Matt Groening, retracent depuis 25 ans les aventures d’Homer et Marge, de leurs trois enfants, Bart, Lisa et Maggie, et de tout leur entourage. Ils installent d’emblée un ton nouveau, essentiellement destiné aux adultes. Un succès qui ouvrira la voie à d’autres séries d’animation grinçantes, comme South Park (1997) ou Les Griffin (Family Guy, 1999).
Quand David Lynch se lance dans l’écriture de Twin Peaks, il compte déjà plusieurs films références à son actif : notamment Elephant man (1980) et Blue Velvet (1986).
Avec son ami scénariste Mark Frost, qui avait fait ses armes dans Capitaine Furillo (Hill Street Blues), une série policière extrêmement novatrice au début des années 80, il décide d’écrire pour ABC une série située dans une petite ville américaine, Twin Peaks, qui sous des dehors tranquilles cache de nombreux secrets.
Même si la frontière entre télévision et cinéma n’a jamais été aussi imperméable aux États‑Unis qu’en France, les grands auteurs ne sont alors pas pléthore à se lancer sur le petit écran.
Le coup de maître de David Lynch, bien que limité dans le temps (Twin Peaks ne compte que deux saisons (17 épisodes, diffusés du 8 avril 1990 au 10 juin 1991) va grandement contribuer à la crédibilité et à l’attractivité du genre.
Twin Peaks se permet de nombreuses audaces mais devient culte immédiatement.
Le meurtre de Laura Palmer ne cesse de fasciner les foules, à tel point que ce qui semblait vraiment improbable il y a peu est devenu officiel fin 2014. En 2016, Twin Peaks renaîtra sur Showtime pour neuf épisodes à nouveau pilotés par David Lynch et Mark Frost, tandis que Kyle MacLachlan reprendra pour sa part son rôle de l’inspecteur Dale Cooper. Un retour qui promet de provoquer un émoi hors norme chez les fans.
La classe internationale
L’univers angoissant de Top of the lake, une mini‑série en 6 épisodes réalisée en 2013 par la Néo‑Zélandaise Jane Campion, n’est pas sans rappeler l’ambiance troublante et mystérieuse de Twin Peaks.
Martin Scorsese a pour sa part disposé d’un budget conséquent pour chapeauter la série Boardwalk Empire (2010‑2014) pour HBO, qui revisite l’univers de la mafia américaine des années 20.
Mais pour certains réalisateurs, la télévision est surtout un terrain de jeu qui permet de s’aventurer vers des univers inédits. Quentin Tarantino a ainsi réalisé un épisode d’Urgences en 1995, et le double épisode final de la saison 5 des Experts Las Vegas. Et Woody Allen se lancera en 2016 sur Amazon…
Une femme flic, commissaire à la tête d’une équipe d’hommes dans une ville de la banlieue parisienne… Qui plus est divorcée et mère de deux petites filles ! Quand Julie Lescaut débarque sur les écrans français, en 1991, c’est une petite révolution.
La série est tirée d’un roman d’Alexis Lecaye, qu’il a lui‑même adapté. Jusque‑là, ce sont essentiellement les hommes qui jouent les gros bras à la télévision française, du Commissaire Moulin (1976) à Navarro (1989). Les femmes “têtes de série” sont cantonnées à la fantaisie (Marie Pervenche, 1984) ou à l’empathie sociale (Pause café, 1981).
Julie Lescaut, incarnée par Véronique Genest, ne roule certes pas des muscles, mais elle court après les suspects, n’hésite pas à sortir son arme ni à tirer, et mène des interrogatoires sans concession.
La série remporte immédiatement un immense succès, réunissant régulièrement plus de 10 millions de téléspectateurs devant TF1, et prouvant ainsi l’adhésion du public à cette nouvelle image de la femme moderne.
Elle va ouvrir la voie à d’autres héroïnes qui ne s’en laissent pas compter… Gendarme (Une femme d’honneur, 1996), policier (Eloïse Rome, 2001), mais aussi juge (Le juge est une femme, 1993), ou les deux (Femmes de loi, 2000).
De fait, le pouvoir ne s’exerce pas uniquement dans le maintien de l’ordre. Sandrine Bonnaire incarne une brillante chirurgienne dans Une femme en blanc (1997) tandis que Danièle Delorme, puis Charlotte de Turckheim, savent aussi bien diriger que montrer l’exemple dans Madame le proviseur (1994).
Julie Lescaut a pris sa retraite télévisuelle en janvier 2014. Ils étaient encore plus de sept millions devant leur petit écran pour le pot de départ.
Girl power
Aux États‑Unis, les femmes n’ont pas attendu la fin du siècle pour montrer une main de fer dans un gant pas toujours de velours.
Outre les héroïnes dotées de super pouvoirs (Wonder Woman, 1975, Super Jaimie, The Bionic Woman, 1976), les enquêtrices de charme de Drôles de dames (Charlie’s Angels, 1976), comme celle plus austères d’Arabesque (Murder, She Wrote, 1984) ou Cagney et Lacey (1981), ont su s’imposer sur les écrans américains.
Les “anti‑héroïnes” sont même arrivées en force sur le devant de la scène, comme par exemple la glaçante avocate de Damages (2007), incarnée par Glenn Close. Du jamais vu pour l’instant en France.
La science‑fiction et le fantastique ont toujours été une source d’inspiration importante pour les auteurs de série.
Chris Carter, le créateur de X Files ne cache d’ailleurs pas s’être inspiré de séries comme La Quatrième dimension (The Twilight Zone, 1959‑1964), Les Envahisseurs (The Invaders, 1967‑1968), Dossiers brûlants (Kolchak : The Night Stalker, 1972‑1975) ou Histoires de l’autre monde (Tales from the darkside, 1983‑1988) pour créer sa propre version d’un monde mystérieux et menaçant.
Les enquêtes sont menées par un duo d’agents du FBI, Fox Mulder (David Duchovny) et Dana Scully (Gillian Anderson).
Mulder croit aux extra‑terrestres et aux événements paranormaux depuis l’enlèvement de sa sœur Samantha lorsqu’il avait 12 ans, un drame qui constitue l’événement fondateur de la série.
Scully, elle, s’avère résolument sceptique et cherche des explications scientifiques à tous les phénomènes auxquels le duo est confronté.
Mais la série, qui compte neuf saisons, a également conquis son auditoire en introduisant dans son scénario un complot gouvernemental d’importance, qui se mêle aux événements paranormaux.
Les deux héros ne peuvent plus se faire confiance que mutuellement… Ce qui conduit naturellement à la formule éprouvée du « will they or won’t they? », c’est‑à‑dire « vont‑ils… ou non franchir le pas de la relation amoureuse ? », dont X Files constitue l’un des exemples les plus renommés. Le procédé est utilisé dans tous les genres de série (comique, policier, familial…) dès l’instant où les principaux protagonistes, en apparence aux antipodes l’un de l’autre, commencent à se rapprocher.
Mais les fans étaient très divisés sur le bien‑fondé de la relation qui s’établit au cours des dernières saisons entre Mulder et Scully, manifestement romantique, sans être vraiment montrée à l’écran. Et ils le sont toujours.
Star Trekmania
La galaxie Star Trek n’est pas facile à appréhender pour les spectateurs non avertis.
Créée par Gene Roddenberry dans les années 60, elle regroupe six séries télévisées, dont une d’animation (Star Trek vit bien sûr aussi à travers des films de cinéma). L’imagerie populaire est liée aux pyjamas futuristes du Capitaine Kirk (Willian Shatner) ou aux oreilles pointues de Spock (Leonard Nimoy) mais l’engouement que provoque Star Trek depuis presque 50 ans est sans commune mesure.
L’univers sombre et angoissant des Envahisseurs compte lui aussi son lot de fans dévoués et particulièrement fidèles.
Au fil des ans, la diffusion des séries va s’étendre non seulement aux États‑Unis et à l’Europe mais au reste du monde, Asie, Afrique, Océanie, créant une culture globale et des références communes.
L’arrivée de la série Urgences, créée par le romancier Michael Crichton, en prime time le dimanche soir sur France 2 en 1996 (la diffusion américaine a commencé en 1994), marque un nouveau palier dans l’accès du grand public aux séries.
Il s’agit alors d’un véritable défi en termes de programmation : traditionnellement dévolue aux films de cinéma fédérateurs, la soirée du dimanche est une case stratégique censée réunir un public nombreux et familial. Les aventures d’un groupe de médecins sous pression sauront‑elles électriser les languissantes fins de week‑end ? Oui.
Pari réussi, puisque des millions de téléspectateurs se familiarisent très vite avec l’ambiance survoltée du Cook County Hospital de Chicago et découvrent, au milieu d’un casting de haute volée, une star en devenir : George Clooney, dans le rôle du Dr Doug Ross.
« NFS, chimie, iono ! » deviennent des expressions familières aux oreilles françaises (même si nos procédures médicales sont différentes de celles des urgences américaines). L’engouement est tel que lorsque la chaîne NBC, qui héberge la série aux États‑Unis (sous le titre ER, Emergency Room) décide de diffuser et de réaliser en direct le premier épisode de la saison 4, en 1997, France 2 se joint à l’événement et retransmet l’épisode elle aussi en direct, en VO non sous‑titrée bien entendu (et en pleine nuit, à 4 heures du matin, décalage horaire oblige).
Urgences compte 15 saisons, soit 331 épisodes, et s’est achevée en 2009. Elle a influencé durablement toutes les séries médicales produites depuis.
Des succès internationaux
Les aventures de Ross, Rachel et leurs amis de Friends sont devenues des références globales de la pop culture.
Quant à la série Les Experts, et ses différentes déclinaisons, elle a eu très vite les honneurs du prime time dans la plupart des pays du monde, notamment en France, où, depuis une quinzaine d’années, une bonne partie des records d’audience sont obtenus par des séries : Mentalist, NCIS…
Mais les séries américaines ne sont pas les seules à s’exporter : les Français ont par exemple pu découvrir dès les années 90 la série australienne Hartley cœurs à vif. La série française Engrenages est vendue quant à elle dans 70 pays.
La série 24 heures chrono (titre original : 24) est la plus emblématique des séries “post 11 septembre”.
Sa diffusion a commencé en novembre 2001, et a accompagné la réflexion de l’Amérique sur les moyens de se protéger contre le terrorisme.
Jack Bauer (Kiefer Sutherland), son héros, est prêt à tout pour parvenir à ses fins, et la question de la torture a été l’une des plus débattues par les observateurs, fans de la série ou non. Il était question de morale (la fin justifie‑t‑elle tous les moyens ?), mais aussi d’efficacité (obtient‑on vraiment des résultats pertinents en ayant systématiquement recours à la violence ?).
La structure narrative des huit premières saison (de 2001 à 2008, complétées par une 9e saison de 12 épisodes en 2014) a largement contribué à l’immense succès de la série.
En choisissant de développer une intrigue “en temps réel” (les épisodes durent environ 45 minutes, plus environ un quart d’heure de publicité chaque heure aux États‑Unis), elle a prouvé son caractère hautement addictif.
L’emploi du “split screen” (l’écran est divisé pour montrer en parallèle diverses actions à divers endroits) a aussi accentué l’intensité de l’action.
24 heures chrono a également su bousculer l’ordre établi en mettant en scène un président de la République noir (David Palmer, interprété par Dennis Haysbert) lors de la deuxième saison de la série.
Par ailleurs, l’invulnérabilité de son héros, soumis à toutes sortes de blessures et autres trahisons, mais malgré tout toujours prêt à repartir, a aussi fait sourire ses plus fervents admirateurs : Jack Bauer ne va pas aux toilettes, ne recharge jamais son portable, ne tombe jamais dans un embouteillage… Indestructible.
Affaires publiques
La vie politique américaine a été magistralement traitée dans la série À la maison blanche (The West Wing) entre 1999 et 2006.
Créée par Aaron Sorkin, la série a pour sa part intégré les attentats du 11 septembre dans la vie du président fictif Jed Bartlet et de son équipe. Elle a été largement acclamée et récompensée pour la qualité de ses scénarios, des dialogues et de l’interprétation.
Plus récemment, les Danois ont prouvé leur savoir faire en matière de série politique avec Borgen (2010‑2013), s’attachant pendant trois saisons à décrire la vie publique et privée d’une femme de pouvoir.
Au tournant des années 2000, la figure du anti‑héros va prendre une place prépondérante dans le monde des séries télé.
En 2006, la chaîne Showtime tente un pari extrêmement audacieux qui va s’avérer payant : mettre en vedette un serial killer. Tirée du roman de Jeff Lindsay, Ce cher Dexter, la série met en scène Dexter Morgan, employé par la police de Miami en tant qu’expert en projections sanguines. La nuit, il se mue en un tueur méthodique et implacable, qui assassine des criminels passés entre les mailles du système judiciaire. Mais Dexter n’est pas un simple justicier : ses pulsions profondes remontent à un traumatisme d’enfance, le meurtre de sa mère. Elles ont été canalisées par son père adoptif durant son adolescence, à l’aide d’un code qui lui permet de ne pas s’attaquer à des innocents.
Incarné par Michael C. Hall, qui avait déjà livré une composition brillante dans la série Six Feet Under (2001‑2005), Dexter va passionner le public pendant huit saisons (la diffusion américaine s’est achevée en septembre 2013). Au fil des ans, il s’humanise, se marie, devient père, amenant le public à craindre qu’il ne soit découvert.
Certains doutent pourtant sérieusement du bien‑fondé de représenter un tel personnage (la télévision suisse TSR, par exemple, refusera de diffuser la série). Dexter aura forcé en tout cas ses spectateurs à s’interroger sur les sources de la violence et les enjeux moraux qu’elle engendre. Des questions posées sous une forme jamais vue auparavant.
Entre le bien
et le mal
Brutaux, comme Vic Mackey, le flic à cran de The Shield, ou simplement têtes à claques, comme le Dr House, les anti‑héros de télévision ont tous de bonnes raisons de mal se conduire.
Et les femmes ne sont pas en reste : l’héroïne de Weeds, Nancy Botwin (Mary‑Louise Parker) devient trafiquante de drogue pour nourrir sa famille, avant de prendre sérieusement goût à la vie de délinquante, tandis que Jackie Peyton (Edie Falco dans Nurse Jackie) est elle‑même une infirmière consommatrice effrénée de médicaments, prête à tous les mensonges pour protéger son addiction. Y compris perdre sa famille.
Depuis la naissance du genre, certaines séries ont réussi à se faire plus ou moins vite une place à part dans l’histoire de la télévision, accédant ainsi au statut envié de “série culte”.
Une série n’est véritablement culte que si ses aficionados passent des heures à argumenter : est‑elle la meilleure de tous les temps ? Ou de la dernière décennie ? Ou de tel ou tel genre ? Bref, une série culte incite au débat.
Game of Thrones, tiré des romans de George R.R. Martin, avec son univers puisant dans l’imagerie de l’heroic fantasy, a immédiatement eu droit au label “culte”.
Luttes de pouvoir, trahisons sournoises, affrontements sanglants et scènes de sexe explicites, la série de HBO dose savamment tous les ingrédients avec un art du rebondissement consommé.
Chaque saison (de dix épisodes) est attendue avec une impatience dévorante par les fans qui passent les neuf autres mois de l’année à spéculer sur les réseaux sociaux. Les intrigues sont multiples, le casting est pléthorique, et les personnages principaux ne sont pas moins menacés de mort que les seconds couteaux. La sidération est donc une des armes principales utilisées par les créateurs, David Benioff et D.B. Weiss.
Si la simple évocation de l’épisode 9 de la saison 3 provoque immédiatement chez vous un frisson d’angoisse rétrospective, vous êtes probablement un fan.
Une série culte, c’est avant tout une expérience partagée.
Déjà des classiques
Le Doctor Who, incarné par 12 acteurs différents depuis sa création en 1963, a gagné ses galons “cultes” depuis longtemps. C’est la plus longue série de science‑fiction de l’histoire.
La série américaine Profit (1996) au contraire n’a eu besoin que de huit épisodes pour faire de son héros sociopathe un objet de culte frissonnant.
La complexité des personnages et la densité de l’écriture forgent les grands destins télévisuels : Six Feet Under (la vie d’une famille propriétaire d’une entreprise de pompes funèbres), Breaking Bad (un professeur de chimie devenu trafiquant de drogue après avoir découvert qu’il est atteint d’un cancer), ou Sur écoute (The Wire, les quartiers chauds de Baltimore, vus du côté trafic, police, médias, ou politique) constituent quelques‑uns des piliers du culte.
Après l’âge d’or des chaînes câblées américaines, le développement des plateformes de visionnage à la demande via le Net apporte une nouvelle forme de consommation des séries.
Désireuses de créer des contenus originaux pour renforcer leurs catalogues, ces nouvelles entreprises ultra-puissantes proposent un modèle différent : tous les épisodes de leurs séries maison sont mis à disposition en même temps. Elles surfent ainsi sur le célèbre effet addictif des séries. L’envie irrépressible de voir la suite, qui pousse certains à attendre la sortie des coffrets DVD pour s’immerger dans leur série favorite, peut ainsi être rassasiée immédiatement.
D’où l’irruption de l’expression “binge watching”, calquée sur le concept de “binge drinking” (qui consiste à absorber énormément d’alcool dans un temps très court pour atteindre l’ivresse le plus rapidement possible). Faire du binge watching, c’est se lancer sans vergogne dans du visionnage compulsif. Tout voir et tout revoir aussi vite et aussi souvent qu’on le veut.
L’entreprise américaine Netflix, en pointe dans ce secteur, a tenté diverses expériences avant de frapper un grand coup en lançant en 2013 House of Cards : David Fincher à la création, 100 millions de dollars de budget pour les deux premières saisons, un duo de comédiens haut de gamme Kevin Spacey et Robin Wright, des réalisateurs invités de prestige (Jodie Foster)… House of Cards, tirée d’une mini‑série britannique du même nom datant de 1990, n’est pas en soi révolutionnaire (les héros sont aussi fascinants qu’immondes), mais elle incarne probablement une tendance durable : celle de la satisfaction immédiate.
Tout d’un coup ?
Quelques mois après House of Cards, Netflix a lancé Orange is the new black à l’été 2013, une série créée par Jenji Kohan (auteur de Weeds auparavant) qui se déroule dans une prison pour femmes. Entre comédie et drame, la série a remporté un énorme succès pour ses deux premières saisons.
La même année, la firme américaine a aussi décidé de produire une quatrième saison inédite d’Arrested Development, série comique culte à l’arrêt depuis 2006. Jeffrey Tambor y apparaît sous les traits d’un père de famille égoïste et manipulateur, mais c’est avec beaucoup de délicatesse que ce comédien expérimenté incarne un sexagénaire divorcé dans Transparent, série présentée en septembre 2014 par Amazon, sur le même modèle que Netflix. Son personnage y révèle à ses trois enfants adultes qu’il se sent femme depuis toujours.
Présentation : Les séries sont nées en même temps que la télévision. Le rendez-vous quotidien que le petit écran instaurait avec son public était propice aux histoires au long cours, de vrais compagnonnages ont donc commencé à se nouer entre le téléspectateur et ses héros favoris. Quel que soit leur genre, les séries se sont imposées petit à petit dans le paysage culturel, avant de devenir un phénomène mondial depuis une vingtaine d’années. Populaires ou plus exigeantes, elles réunissent toujours plus de fans. Les séries TV, une histoire à suivre...
Informations pratiques : L'exposition est composée de 16 panneaux souples de 80x140 cm, dont un panneau d'ouverture. En complément de ces panneaux richement illustrés, nous vous proposons un dépliant avec une chronologie, un quizz et des anecdotes (cliquez ici pour voir un aperçu) que vous pourrez remettre à vos visiteurs, ainsi que des affichettes qui vous permettront de communiquer autour de cette exposition auprès de vos adhérents.
Questions et réservation : Contactez-nous pour tout renseignement complémentaire et cliquez sur le bouton ci-dessous pour réserver l'exposition !
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